Paul Sérusier et les NABIS..
En 1886, de retour de Pont-Aven, Sérusier revint à Paris avec un petit tableau peint sous les directives de Gauguin, et la montra avec enthousiasme à ses compagnons, partageant ainsi ses nouvelles idées apprises de Gauguin. Le tableau fut appelé Le Talisman. Des débats enflammés se développèrent entre lui et les autres étudiants.
Avec ses proches Pierre Bonnard, Maurice Denis, Henri-Gabriel Ibels et Paul-Elie Ranson, qui partageaient ses idées, Sérusier forma un groupe, les Nabis (« prophète » en Hébreu). Ils se rencontraient régulièrement pour parler de théories de l’art, de symbolisme, d’occultisme et d’ésotérisme. Plus tard, Armand Seguin, Édouard Vuillard et Ker-Xavier Roussel rejoignirent le groupe. Cependant, après le départ de Gauguin pour Tahiti en 1891, le groupe se dissout et chacun prit une direction individuelle.
Les Nabis ont de grandes ambitions intellectuelles et spirituelles ; ils représentent un moment important où l’art français s’ouvre sur une grande créativité. Ils s’attachent dans leur pratique à retrouver le caractère « sacré » de la peinture et à provoquer un nouvel élan spirituel au moyen de l’Art.
Plus ou moins détachés du christianisme, les artistes Nabis cherchent des voies plus spirituelles au contact de philosophies et de doctrines nouvelles teintées d’Orient, d’orphisme, d’ésotérisme et de théosophie.
Les Nabis se caractérisent par l’utilisation de grands aplats de couleurs « sorties du tube », sans mélange, par le cerne, la perspective absente ou fausse, la ligne d’horizon haute des paysages. On trouve également dans leur peinture un attrait pour le symbolisme et des influences de l’école de Pont-Aven. La lumière est prédominante dans les tableaux des Nabis, préfigurant la lumière spirituelle.
En tant qu’artistes, ils entendent également redonner ses lettres de noblesse à l’artisanat. Ne se limitant pas strictement à la peinture, ils s’intéressent à toutes les formes de décoration et d’expression : tapisseries, vitraux, tissus et papiers peints, décors de théâtre, illustrations de livres, affiches.
Si les Nabis sont subjugués par la personnalité et l’œuvre de Gauguin, ils se sont également intéressés, comme les artistes et musiciens de leur époque (Satie, Debussy) à l’orientalisme et plus particulièrement au japonisme, qui inspirât le surnom de Bonnard, notamment au travers des ukiyo-e, aux textes de la sagesse orientale et aux ouvrages ésotériques. Vuillard possédait la plus importante collection d’objet japonais des Nabis. Les lettres qu’ils échangent sont paraphées du sigle « ETPMVMP » En ta paume mon verbe et ma pensée.
Les Nabis ont compté dans leurs rangs, entre autres, Paul Sérusier, Édouard Vuillard, Pierre Bonnard, Maurice Denis (le théoricien du groupe), Ker-Xavier Roussel, Félix Vallotton, Paul-Elie Ranson, Georges Lacombe, Jan Verkade, Henri-Gabriel Ibels, Mogens Ballin, Jozsef Rippl-Ronai, Charles Filiger ainsi que le sculpteur Aristide Maillol qui sans l’aisance de leur culture bourgeoise ne s’intégra pas au groupe mais en fut très proche.
Ils se donnèrent un surnom comme un nouveau baptême et signe de l’initiation :
Sérusier : le nabi à la barbe rutilante, ou le bon nabi, ou encore nabi boutou coat.
Bonnard : le nabi très japonard.
Cazalis : le nabi ben kalyre.
Ranson : le nabi plus japonard que le nabi japonard.
Denis : le nabi aux belles icônes.
Vuillard : le nabi zouave.
Ibels : le nabi journaliste.
Verkade : le nabi obéliscal.
Ballin : le nabi danois.
Lacombe : le nabi sculpteur.
Rippl-Ronai : le nabi hongrois.
Vallotton : le nabi étranger.
Extraits : Wikipédia