Je suis convaincu que l’art ne peut ni vieillir, ni rajeunir et que tous les styles de peintures, de dessins et de sculptures existants à ce jour ont été soumis aux mêmes règles depuis l’âge des cavernes, telles que la symbolique, l’harmonie, la ligne, la composition, la masse, la lumière et la couleur, autant dans le domaine abstrait que dans celui du réalisme, du cubisme ou de quelque ‘isme’ que ce soit. L’ exception qui marque l’époque moderne est son divorce avec la spiritualité . J’imagine que, si j’étais né quelques siècles plus tôt, je n’aurais pas eu d’autre choix que de peindre des scènes religieuses et que le fait de dessiner des artistes gitans et/ou des nus m’aurait peut-être expédié dans les cachots de l’inquisition. Aujourd’hui, comme tous mes confrères dits : ‘visuels’ (par contraste avec les ‘conceptuels’) je lutte pour ne pas être mis au pain sec et à l’eau par la culture officielle et sectaire d’aujourd’hui. Je n’ai pas d’autre choix car ma seule philosophie consiste à m’inspirer des êtres humains, quand ils me font éprouver des sensations merveilleusement fortes, telles la vibration du chant ou les ombres et lumières à fleur de peau.
Dès que j’ai eu la permission de me servir d’un ticket de métro, j’ai passé tous mes jeudis d’enfant au Musée du Louvre. Je m’y sentais chez moi. Puis j’ai étudié pendant six mois à l’atelier du Maître Corlin, le dernier des Fauves, qui avait fait les Beaux-Arts avec des gens tels que Rouault et connaissait très bien Jean Puy.
J’ai commencé par peindre à l’huile, une fois fixé à Roanne, avec l’idée de me trouver un style. Dix ans plus tard, après Mai 68, j’ai accompli ma révolution personnelle en faisant des études d’anatomie humaine à la Fac de Médecine de Lyon. J’étais poussé à le faire par mes croquis « flamencos » en osmose avec la culture gitane. Pour saisir un mouvement de danse, la convulsion d’un visage ou la crispation d’une main, il me fallait d’abord travailler au scalpel, analyser les formes, et comprendre les articulations.
De cette manière, j’ai accompli ma propre « renaissance » en laissant définitivement l’huile pour me remettre systématiquement au dessin. Parallèlement à mes sujets andalous faits de mémoire en mon atelier (au crayon, à l’encre de chine puis à la gouache) j’étudiais systématiquement et longuement le nu. Progressivement, je me suis rendu compte que cette pratique allait beaucoup plus loin qu’un simple exercice parce qu’elle avait des affinités avec le dessin flamenco. Sur le plan technique, celle de l’urgence et de la précision, tout en m’escrimant et en défendant ma peau. Intérieurement, je n’obéis qu’à mes propres critères.
Je tiens en cette occasion à remercier tout particulièrement mes modèles (que la discrétion m’interdit de nommer) qui supportent généreusement les contraintes de l’immobilité tout en me transmettant leur énergie intérieure.
Miguel Alcala
Ses voeux pour 2008:
» Beaucoup de gentillesse, de champagne, de dollars, de choucroute, de beurre dans les épinards, de tigres dans les moteurs, de nouvelles planètes extra-solaires, de pantoufles Géva, de caleçons de bain à moustaches, de petits rats à l’Opéra, de rats d’égout pour tous les goûts, de hou hou fais-moi peur, de chien de ma chienne, de chienne de vie, d’eau de vie, de vie de patachon, de poils au menton, de profils de médaille, de têtes de linottes et de pilotes de tinettes.
Je vous embrasse tous. »
Extrait de son site.
» Grosse grenouille d’une tonne et demi en pierre dorée du Brionnais (Saône et Loire), qui orne la cour de l’école Jean Rostand (42300 Roanne) à la mémoire du fameux biologiste et de ses sujets favoris.
Les gamins du quartier du « Parc des Sports » de Roanne (« Chicago » pour les amateurs de faits divers) usent leurs fonds de culottes sur son dos (que j’ai taillé en forme de selle) depuis l’année 83. »
Extrait du blog de Miguel Alcala.