Maurice Montet, peintre des chevaux….
René MONTET, fils de Maurice, lors de nos rencontres pour « Dessine-moi un chapiteau » m’avait raconté une anecdote.
Je lui ai demandé de l’écrire, ce qu’il a fait avec émotion et grand coeur.
Je ne résiste pas au plaisir de la publier.
LE LAITIER
Quand j’ai commencé mon travail d’inventaire de l’œuvre de Maurice MONTET, mes recherches ont débuté par Thizy. Sentimentalement, pouvais-je faire autrement ?
Et là, comme à un pèlerinage, je suis allé le voir…. Le Père GUEYDON .Je lui devais bien çà.
J’avais envie de revivre cette grande et belle histoire de deux hommes qui se sont mutuellement rendus célèbre sans pour autant le vouloir
Elle remonte à un hiver de la guerre 39/45, un hiver où le froid et la faim sévissaient dans cette famille MONTET Rue du Bois Semé à THIZY. Six enfants réclamaient à manger plus que les parents pouvaient leur donner. Marguerite, la Mère, voyait chaque matin une voiture à cheval conduite par le Père GUEYDON amener à son patron, un riche voisin, un litre de lait, aliment précieux qui lui faisait défaut pour ses enfants.
Marguerite, après bien des hésitations, invita le chef de famille à contacter le père GUEYDON pour lui demander s’il pourrait vendre un peu de ce lait si convoité. Le lendemain, MONTET, timidement, expliqua ses difficultés au Père GUEYDON. Il n’en crut pas ses oreilles lorsque, bien simplement, celui-ci lui demanda :
« Vous en voulez combien de litres »
- – Deux si possible, balbutia MONTET.
- – D’accord.
Dès le lendemain, le Père GUEYDON avec sa voiture à cheval vint livrer ses deux litres de lait pour le plus grand bonheur de toute la famille .Et il en fût ainsi pendant plusieurs années Moments inoubliables que l’arrivée matinale du cheval apportant le petit déjeuner des enfants. Une véritable fête.
Ces images de bonheur furent mémorisées par le peintre et restituées en peinture. Cette scène intéressa un acheteur. MONTET la reproduisit et la revendit. Ce thème rencontra un succès fou : tout le monde voulait son « cheval « . Par la suite un grand musée parisien en fit de même.
La légende était née « : MONTET le peintre des chevaux. »
Nous avons ressuscité ces moments d’espoir dont la bonté du Père GUEYDON nous avait gratifiés dans un temps difficile pour la famille !
Puis j’ai pris congé de cet homme de cœur. Je l’ai vivement remercié et félicité d’être bien malgré lui devenu célèbre. Il m’a donné à serrer une main noueuse et ferme. Ses yeux brillaient étrangement.
Gueydon – retour de chez Montet
Cheval de service