Oops ! 17 janvier 2008 – Michel GRANGER

Michel Granger l’universel

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Né à Roanne, ville de textile, le 13 octobre 1946, Michel Granger relève avec un sourire qu’il a pour seul diplôme un CAP de régleur de métier à tisser lorsqu’il entre aux Beaux-Arts de Lyon sur concours pour en sortir diplômé en 1968. Père de deux garçons de 16 et 23 ans, il vit et travaille à Paris depuis 1969… quand des voyages réguliers ne le conduisent pas aux Etats-Unis, à New York, au Japon ou en Colombie, pays qu’il affectionne tout particulièrement.

Il se souvient de son “premier travail, à Roanne, où j’ai eu la chance de rentrer dans une fabrique de meubles comme designer. J’ai dessiné des canapés, des sièges durant une petite année avant de partir au service militaire et de me faire réformer”. Puis Michel Granger peint quelques mois et décide donc de “monter” à Paris où il se liera plus tard d’amitié avec le commandant Cousteau et Robert Doisneau. Si la photo n’est pas son métier, elle le fascine.

Il enchaîne les “petits boulots” et, très vite, se fait de nouveau recru­ter par une fabrique de meubles. Il travaille avec des architectes sur des meu­bles de cuisine. Il mène de concert, dès 1972, une carrière de dessinateur de presse, chez Bayard Presse pour commencer.

Peu de temps après, il se rend au journal Pilote et propose des dessins à René Goscinny, qui lui met le pied à l’étrier en acceptant de publier quelques pleines pages en couleurs. Et là tout s’enchaîne dans une espèce de tourbillon d’où la chance n’est pas absente mais qu’avec le recul Michel Granger perçoit seulement aujourd’hui. Les médias se l’arrachent. La télévision d’abord. Christian Bernadac le recrute : de 1975 à 1985, ses œuvres illustrent les informations des trois journaux quotidiens de la 1re chaîne nationale présentés par Yves Mourousi, et Roger Gicquel. Journaux quoti­diens ou hebdomadaires accueillent ses créations, en France (le Matin, Le Progrès, Le Point, L’Express, Paris Match, Le Nouvel Observateur etc.) et à l’étranger (Der Spiegel, New York Times – avec Jerelle Kraus, la direc­trice artistique, toujours fidèle au poste -, L’Espresso, etc.).

En 1977, la galerie Marquet, à Paris, organise une exposition des œuvres de celui qui “fait de la peinture pour traverser la vie”, point de départ d’une formidable carrière internationale qui le conduit à exposer dans le monde entier depuis plus de trente ans, en France, bien sûr, aux Etats-Unis, au Canada, en Belgique ou au Japon. Ses sources principales d’inspiration ? La Terre. La Terre menacée, la Terre qu’il faut défendre et préserver, la Terre source d’espoir.

Autre temps fort de sa carrière, sa rencontre avec Jean-Michel Jarre, pour qui il crée les pochettes de ses succès planétaires : Oxygène (1976), Basket (1977), Equinoxe (1978), Rendez-vous (1986), Chronologie (1993) et Oxygène 7-13 (1996).

De nombreux organismes caritatifs (comme l’UNICEF, l’UNESCO) et d’ONG (Reporters sans frontières, Amnesty International, etc.) font appel à son talent.
Michel Granger, artiste “polymorphe” au faux air de Pierrot lunaire derrière ses lunettes ovales, est l’auteur de nombreuses affiches, de sculp­tures, de cartes postales, de livres, de couvertures de livres, de pochettes de disques et de CD, de logos – comme celui de la mission “PHV” du vol dans l’espace franco-soviétique Cnes-Intercosmos Soyouz/Saliout 7, avec Jean-Loup Chrétien, premier Français dans l’espace en 1982 – et de timbres-poste !…

Le timbre-poste, petit média, messager de quelques centimètres carrés, mais bénéficiant d’une diffusion extraordinaire, s’affranchissant de toute censure, de toute frontière, tiré à des millions d’exemplaires. Un symbole fort de l’universalité de l’art de Michel Granger, dont les timbres les plus récents sont parus en 2004 : sur la sécurité routière, en avril, en France et aux Nations Unies et, en septembre, aux Nations Unies seulement cette fois, sur le thème de l’enfance et où l’artiste oppose le savoir et l’éducation aux armes, à travers une vignette intitulée “Books not guns” (“Des livres pas des fusils”).

Aujourd’hui, Michel Granger se lance dans une nouvelle thématique qu’il portait en lui depuis une dizaine d’années – dans ce qu’il nomme “les écorchures” – dont témoigne pour une part cet ouvrage. Ces “écorchures”, sur le thème de la ville, qui renvoie surtout à New York, illustrent une espèce de contradiction à laquelle Michel Granger reste attaché. Ce dernier explique : “Je fais une toile très précise, à partir de laquelle je recrée une autre peinture, très pensée mais qui reste aléatoire. Cela ne marche pas à tous les coups ! Ce n’est pas un système de travail, une recette.”
L’art de Michel Granger évolue vers une œuvre “plus picturale”. Il n’y a rien de gratuit dans sa démarche : “Les écorchures sont un vrai travail de matière, explique-t-il. Je ne fais une image que s’il y a du contenu. La finalité de la peinture justifie les moyens mis en œuvre”.

Une petite explication technique est nécessaire : Michel Granger ne déroge pas à ses habitudes. Il peint à l’acrylique, sur un papier très épais (680 grammes), marouflé sur toiles, certaines de grand format. La technique mixte à laquelle il a recourt lui permet ensuite un “arrachage au couteau – très coupant, le couteau -, fragment par fragment, centimètre par centimètre, pour donner cette impression d’éphémère, d’urbain, pour montrer que tout se détruit et se reconstitue”. Par cet “effeuillage”, Michel Granger s’investit dans une peinture tridimensionnelle, à laquelle il associe des photographies – un élément nouveau qui distingue ce dernier livre des pré­cédents -, “des documents”, précise-t-il, qui constituent un outil essentiel dans le processus de création de l’artiste. “Les photographies peuvent aussi répondre à l’œuvre, dans une présentation qui fonctionne par double pages, en diptyques. Elle sont en contrepoint, elles peuvent constituer une clef de lecture, comme le titre de l’œuvre…”.

Pierre Julien,
journaliste au Monde, septembre 2004.

 

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Une de mes grandes préoccupations, alors que j’étais Secrétaire général de l’ONU, c’était de mieux faire connaître cette Organisation Internationale au grand public.

Très vite, je me suis aperçu, avec mes spécialistes de la Communication du Département de l’Information Publique, qu’un bon dessin valait souvent de grands discours.
Nous y avons alors développé une nouvelle politique d’affiches, de publications et de brochures qui sont venues s’ajouter au rôle essentiel de la radio et de l’image, deux domaines qui, depuis longtemps, ont fait beaucoup pour notre vision mondiale.

En feuilletant les archives des images conçues par bon nombre d’artistes qui ont travaillé pour l’ONU et pour ses Agences spécialisées comme l’UNICEF, le PNUD, l’OMS et bien d’autres, j’ai retrouvé des chefs-d’oeuvre qui ont à jamais marqué l’esprit du public. Certaines de ces réalisations étaient signées par Michel Granger : par exemple, Lutte pour l’Indépendance de la Namibie, Désarmement, Lutte contre l’Apartheid et le SIDA, affiche pour la Palestine.

Du plus grand format de posters, visibles dans les réunions internationales, aux minuscules timbres-poste du service postal de l’ONU ! J’y ai retrouvé la griffe universelle d’un des artistes les plus étonnants qui ont bien voulu donner de leur temps, de leur talent et de leur imagination au service des hommes, de tous les hommes, comme l’exigeait notre ligne de conduite. Je me suis pris à poster mes lettres avec les timbres des séries “Bannir l’arme chimique, La Sécurité Routière, Des livres, pas des armes”, et je suis ravi de voir que les images de ces timbres figurent dans ce livre.

Dans ce livre, j’ai aussi trouvé beaucoup de peintures qui reflètent ce caractère global perceptible par bien des peuples, bien des sociétés et bien des civilisations. La peinture est un art qui touche directement le coeur des gens, et qui, maniée par les doigts experts de Michel Granger, rapproche toutes les couches du public sans avoir besoin de mots superflus tant son caractère est universel.

En vous souhaitant une bonne lecture de cet ouvrage passionnant, permettez-moi, au nom de toutes nos organisations internationales, en commençant par l’ONU et l’Union Africaine, d’exprimer ma reconnaissance à Michel Granger. Il a su trouver non seulement le mot juste, mais surtout le ton juste, la sensibilité juste et ce grain d’universalité dont nous avons tous bénéficié, et avec nous, toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté.

Son excellence Monsieur Boutros Boutros-Ghali
Ancien Secrétaire général des Nations Unies
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GRANGER-Abri (écorchure)

Abri (écorchure)

 

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Michel Granger est un délinquant
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Cela se voit au premier coup d’oeil avec sa coiffure d’évadé de maison de correction, il fait partie de ces individus spécialement étudiés pour agacer mes gens sérieux.

Voilà un garçon qui se fait un malin plaisir de détourner mes objets de leurs attributions fonctionnelles.

Cela peut paraître un divertissement innocent, mais je vous le demande, dans quelle entreprise pourrait-on tolérer la présence d’un magasinier uniquement inspiré par le pouvoir évocateur des formes ? Pour qui le tube de comprimés viendrait libérer une constellation et qui ne verrait dans une carte géographique que la ramification d’un système veineux.

C’est alors une invitation au jeu, au rêve, donc au temps perdu. Semeur de désordre. Granger Michel, je le répète, est un délinquant, encore mineur mais engagé dans la voie dangereuse qui mène à bousculer l’ordre établi.

Robert Doisneau,
photographe, juin 1993.
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GRANGER-Vous êtes bien curieux-

Vous êtes bien curieux

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Granger est un manipulateur, archéologue des médias. Il fouille dans notre époque pour en retirer des images miroir, des images dérisoires, des images œuvre d’art. Entre le vide de certains mots et le toc de certaines photos, Granger se tient debout pour chroniquer notre vie, avec inspiration, tendresse et humour.
Jean Michel Jarre,
Musicien.

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Fontaine Hôtel de ville Roanne- Sculpture bronze

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Son dernier ouvrage « TERRE » 2007

Merci à Michel Granger de son accord pour les emprunts faits à son site

www.granger-michel.com/

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