Pablo PICASSO- Les demoiselles d’Avignon
Quelques extraits audio de Pablo Picasso sur le tableau « Guernica. »
En juillet1907, Picasso achève une toile de très grand format (huile sur toile, 243.9 x 233.7 cm), entreprise durant l’hiver, qui rompt brutalement avec tout ce qui avait été fait auparavant. Baptisé à l’origine Le Bordel d’Avignon en souvenir de la carrer d’Avinyo — rue chaude de Barcelone — elle prend le nom de Demoiselles d’Avignon en 1916.
Il ne reste plus que cinq femmes dont une, à gauche est vêtue, sur la toile. Les dessins préparatoires réalisés montrent qu’au début, deux hommes devaient figurer : un marin et un étudiant en médecine tenant un crâne dans ses mains, symbole de la mort, mais aussi du vice et des vertus. Peu à peu, le peintre a délaissé le récit – principe narratif classique – pour se concentrer sur les innovations formelles qu’il comptait apporter aux figures et à l’espace. Néanmoins, il s’agit d’une scène de
bordel pour les amis de Picasso. Mais aujourd’hui, parler de « bordel » pour une interprétation du « Jugement de Pâris », nous permet d’envisager une nouvelle lecture de l’œuvre de Picasso. L’idée de Picasso était de détruire l’image de l’idéal de la femme. Cette oeuvre est donc une sorte de caricature à l’encontre du Bain Turc d’Ingres, de même que la 2nd figure de la femme sur ma gauche est une Odalisque couchée relevée (cf la période d’Orientalisme d’Ingres).
Le contenu – des prostitués nues aux corps mutilés – et le traitement de l’espace et des figures, qui rompent radicalement avec l’art traditionnel, sont à l’origine de cet effroi. Picasso a lui-même vu en cette œuvre un acte d’exorcisme. Sans doute a-t-il traduit ses peurs du vice et de la maladie par les visages des figures de droite « dont les déformations évoquent les lésions atroces de la syphilis » (Rubin) — ce qui est une interprétation plausible sachant qu’a l’époque, des prospectus circulaient sur les conséquences physiques de cette maladie. Mais depuis 1907, il entend surtout trouver une nouvelle représentation de la figure humaine.
Symbolique :
Cette peinture est une « interprétation » comme Picasso en fera durant toute sa vie, du Jugement de Pâris (partie gauche) de Raphaël, qui sera repris par de nombreux peintres dont Rubens, qui en donnera plusieurs versions. Dans cette peinture de Picasso de 1907, cinq personnages, comme dans la partie gauche du Jugement de Pâris. Les trois femmes présentées à Pârissont à gauche. Pâris est assis et hésite. Le berger est debout à droite. La pomme est au premier plan, parmi d’autres fruits. Pâris n’a pas encore fait son choix. Les masques différents et plus « mâles » des deux personnages de droite pourraient donner raison à cette hypothèse.
Dans cette peinture, Picasso offre aussi une représentation d’une maison close barcelonaise, située rue Avinyo, qui donne son nom à la toile, laquelle n’ayant donc, contrairement à ce que laisse penser sa graphie, aucun rapport avec la ville française d’Avignon.