Pierre-Auguste Renoir
(25 février 1841 – Cagnes-sur-Mer 3 décembre 1919).
Vidéo commentée par Sacha Guitry (1957? ,film de 1914)
Peintre, graveur et sculpteur français né à Limoges, mort à Cagnes (Alpes-Maritimes). Renoir était issu d’une famille pauvre. Son père était un modeste tailleur qui entretenait à grand-peine toute sa famille.
Renoir commença par peindre sur porcelaine; ce fut en quelque sorte son apprentissage. Pour vivre, il décora ensuite des éventails et des stores. Ayant fait quelques économies par ses travaux, il put entrer à l’atelier de Gleyre et rencontra Monet en 1862. Gleyre n’eut sans doute pas une haute opinion de son élève quand il demanda au jeune peintre assis devant sa toile : » C’est sans doute pour vous amuser que vous faites de la peinture ? » – « Mais certainement, répondit Renoir, et si ça ne m’amusait pas, je vous prie de croire que j’en ne ferais pas. »
Le séjour que Renoir fit avec Monet à la Grenouillère (établissement de bains sur l’île de Croissy-sur-Seine, lieu très populaire et un peu « canaille » selon les guides de l’époque) est décisif dans sa carrière. Il peint véritablement en plein-air, ce qui change sa palette, et fragmente sa touche (Monet va beaucoup plus loin dans ce domaine). Il apprend à rendre les effets de la lumière, et à ne plus forcément utiliser le noir pour les ombres. Dès lors, on fait véritablement commencer la période impressionniste de Renoir.
Le cabaret de la mère Antony – 1866
Monet peignant dans son jardin- 1870
La promenade -1870
La première exposition du groupe ( Claude Monet, Frédéric Bazille, et Alfred Sisley, en 1874), que Renoir organisa et à laquelle il participa, allait mettre cette nouvelle peinture en évidence aux yeux de tous. Si la vente aux enchères de 1875 fut un désastre, à laquelle Durand-Ruel assista impuissant,
elle permit au moins à Renoir de découvrir un nouvel amateur : Chocquet. Celui-ci lui proposa très rapidement, tant son admiration pour sa peinture était grande, d’exécuter le portrait de sa femme.
Chemin montant dans les hautes herbes – 1875
Pour Renoir, il devint par la suite un amateur actif et un soutien généreux. Renoir, poursuivant ses recherches sur la luminosité de l’atmosphère, s’applique à la traduire à l’occasion de thèmes différents et la poursuit dans des cadres très divers : au théâtre : La loge (1874), La Première sortie (1876); en plein air : Le Moulin de la Galette (1876), Jeanne Samary(1877), et enfin il ne redouta pas de s’attaquer aux portraits mondains en faisant poser
Madame Charpentier et ses enfants (1878), femme de l’éditeur.
De 1881 à 1883, malgré des difficultés matérielles, il séjourna en Algérie. Puis il fit un voyage, déterminant pour l’avenir de son oeuvre, en Italie où il visita Florence, Venise, Rome, Naples et Pompéi. En 1882 et 1883, il séjourna et travailla auprès de Cézanne à l’Estaque.
Il expose avec le dit groupe de 1874 à 1878 (ou 1879?) et réalise son chef-d’œuvre : le Bal du moulin de la Galette, à Montmartre, en 1877 (Paris, Musée d’Orsay). Le tableau est acheté par Gustave Caillebotte, membre et mécène du groupe.
Cette toile ambitieuse (par son format d’abord, 1 m 30 x 1m 70) est caractéristique du style et des recherches de l’artiste durant la décennie 1870 : touche fluide et colorée, ombres colorées, non-usage du noir, effets de textures, jeu de lumière qui filtre à travers les feuillages, les nuages, goût pour les scènes de la vie populaire parisienne, pour des modèles de son entourage (des amis, des gens de la « bohème » de Montmartre).
Autour de 1880, en pleine misère (Renoir n’arrive pas à vendre ses tableaux, la critique est souvent mauvaise), il décide de ne plus exposer avec ses amis impressionnistes mais de revenir au Salon officiel, seule voie possible au succès. Grâce à des commandes de portraits prestigieux – comme celui de Madame Charpentier et ses enfants – il se fait connaître et obtient de plus en plus de commandes. Son art devient plus affirmé et il recherche davantage les effets de lignes, les contrastes marqués, les contours soulignés.
Cela est visible dans le fameux Déjeuner des Canotiers (1880-81) de la Phillips Collection (Washington), même si le thème reste proche de ses œuvres de la décennie 1870. On peut apercevoir dans ce tableau un nouveau modèle, Aline Charigot, qui deviendra sa femme en 1890 et la mère de ses trois enfants, Pierre, Jean (le cinéaste) et Claude dit « coco ».
Les trois danses (Danse à Bougival, Boston; Danse à la ville et Danse à la campagne, Musée d’Orsay, vers 1883) témoignent aussi de cette évolution.
Entre 1881 et 1883, Renoir effectue de nombreux voyages qui le mènent dans le sud de la France (à l’Estaque, où il rend visite à Cézanne), en Afrique du Nord,où il réalise de nombreux paysages, et en Italie. C’est là-bas que se cristallise l’évolution amorcée dès 1880. Au contact des œuvres de Raphaël surtout (les Stanze du Vatican) Renoir sent qu’il est arrivé au bout de l’impressionnisme, qu’il est dans une impasse, désormais il veut faire un art plus intemporel, et plus sérieux (il a l’impression de ne pas savoir dessiner).
L’année 1884 marqua son détachement des conceptions impressionnistes. Sous l’influence encore vibrante du choc ressenti en Italie. Renoir entreprend des recherches que l’on qualifia de linéaires. La forme n’a plus tendance à être absorbée par la lumière; au contraire, elle est décrite par la ligne; le contour se resserre et se fais alors plus précis « Il produit des oeuvres dont la matière peut varier, parfois épaisse ou rugueuse, mais qui toutes ont en commun une pureté linéaire de contour, une atmosphère dépouillée ( D.Rouart : Renoir)
A nouveau en 1885,1888,1889, il fait de longs séjours auprès de Cézanne, en 1890, il brise avec son style récent et adopte cette fois une facture onctueuse, souple, nacrée, qui sera d’une grande importance dans son oeuvre, et fixera dans l’esprit de beaucoup l’image même de Renoir. Désormais, les principaux éléments de son style sont fixés. Il en variera jusqu’à sa mort les composantes, mais on n’enregistera plus dans son oeuvre de brusques ou contradictoires transformations.
De 1890 à 1900, Renoir change de nouveau son style. Ce n’est plus du pur impressionnisme ni du style de la période ingresque, mais un mélange des deux. Il conserve les sujets Ingres mais reprend la fluidité des traits.
La première œuvre de cette période, les Jeunes filles au piano (1892, une des cinq versions est conservé au Musée d’Orsay), est acquise par l’État français pour être exposée au musée du Luxembourg. En 1894, Renoir est de nouveau papa d’un petit Jean (qui deviendra cinéaste, auteur notamment de La Grande Illusion et La Règle du jeu) et reprend ses œuvres de maternité. La bonne de ses enfants, Gabrielle Renard, deviendra un de ses grands modèles.
Cette décennie, celle de la maturité, est aussi celle de la consécration. Ses tableaux se vendent bien, la critique commence à accepter et à apprécier son style, et les milieux officiels le reconnaissent également (achat des Jeunes filles au piano cité plus haut, proposition de la légion d’honneur, qu’il refuse).
La jeune fille au chat-1870
La baigneuse endormie – 1910
Lors d’une mauvaise chute de bicyclette près d’Essoyes, village d’origine de son épouse Aline Charigot, il se fractura le bras droit[2]. Cette chute est considérée comme responsable, du moins partiellement, du développement ultérieur de sa santé. Des rhumatismes déformants l’obligeront progressivement à renoncer à marcher (vers 1905).
En 1891, à nouveau, il séjourne dans le Midi. L’année suivante il voyage en Espagne, et Durand-Ruel organise à Paris une importante exposition de ses oeuvres. En 1894, sans atteindre complètement son but, il lutte pour faire accepter par L’Etat le magnifique legs de Caillebotte. Ce n’est qu’en 1897 que ce legs, amputé d’un nombre important de tableaux, pourra entrer dans les collections de l’Etat. Il est atteint pour la première fois, en 1898, de rhumatismes aigus, maladie qui devait être le calvaire de la fin de sa vie. De 1905 à 1909, sa maladie s’aggrave et il décide de se fixer définitivement dans le Midi.
Autoportrait
Il achète à Cagnes le terrain des Collettes où il fait construire se demeure et son atelier.
En 1912, sa maladie s’aggrave encore, il poursuit inlassablement son travail, ne pouvant plus peindre qu’en faisant attacher les pinceaux à ses poignets.
Il aurait, sur son lit de mort, demandé une toile et des pinceaux pour peindre le bouquet de fleurs qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre. En rendant pour la dernière fois ses pinceaux à l’infirmière il aurait déclaré « Je crois que je commence à y comprendre quelque chose » (qui résume la grande humilité avec laquelle Renoir appréhendait la peinture, et la vie).
Il devait mourir à Cagnes le 3 décembre 1919.
(Extraits de Wikipedia et extraits de » Les grands peintres »)