LE PALAIS IDEAL DU FACTEUR CHEVAL
« Fils de paysan je veux vivre et mourir pour prouver que dans ma catégorie il y a aussi des hommes de génie et d’énergie. Vingt-neuf ans je suis resté facteur rural. Le travail fait ma gloire et l’honneur mon seul bonheur; à présent voici mon étrange histoire. Où le songe est devenu, quarante ans après, une réalité. » Ferdinand Cheval, 15 mars 1905.
Après l’obtention de son certificat d’études primaires, il devient, à l’âge de treize ans, apprenti boulanger, profession dans laquelle il travaille durant quelques années.
Le 12 juillet 1867, il est officiellement nommé « facteur aux postes ».
En 1869, il est affecté à Hauterives, à une douzaine de kilomètres de son village natal, ayant en charge la « tournée de Tersanne », une tournée pédestre quotidienne de 33 km.
Dès le début de ses longues tournées, qui n’avaient pas le même rythme que les tournées cyclistes ou motorisées d’un « préposé » rural du XXI ème siècle. il occupe ses heures de randonnée à de longues rêveries au cours desquelles il bâtit un « palais féerique », rêveries qui ne commenceront à être concrétisées qu’une dizaine d’années plus tard. Selon ses souvenirs, en avril 1879, durant l’une de ses tournées, le pied du facteur bute contre une pierre, manquant de le faire tomber sur le chemin. Son œil ayant été attiré par la forme curieuse de la pierre, il la ramasse et la glisse dans l’une de ses poches avec l’intention de la regarder plus tard à tête reposée.
Dès le lendemain, repassant au même lieu, il constate la présence d’autres pierres ayant des formes encore plus singulières et, à son goût, plus belles que celle qu’il avait trouvée la veille. Il se fait alors la réflexion que, puisque la nature pouvait « faire de la sculpture », il pourrait très bien lui-même, fort de ses longues rêveries préparatoires, se faire architecte, maître d’œuvre et ouvrier dans la construction d’un « Palais idéal ».
Durant les 33 années qui suivent, Ferdinand Cheval ne cesse de choisir des pierres durant sa tournée quotidienne, les portant d’abord dans ses poches, puis se munissant d’un panier, voire d’une brouette en certaines occasions. Revenu à son domicile, il passe de longues heures à la mise en œuvre de son rêve, travaillant de nuit à la lueur d’une lampe à pétrole. Il est alors considéré comme un excentrique par les gens du cru, qui ne disposent pas de la vision d’ensemble qu’avait l’architecte.
Après l’achèvement du Palais idéal, il manifeste son désir d’être plus tard enseveli dans l’enceinte même de son œuvre, ce que la loi française ne permet pas lorsque le corps n’est pas incinéré. L’usage de la crémation n’étant à l’époque pas du tout entré dans les mœurs en France, Ferdinand Cheval se résout alors à se conformer aux contraintes légales en se faisant inhumer, le moment venu, dans le cimetière communal, mais en choisissant lui-même la forme de son tombeau.
C’est ainsi qu’à partir de 1914, il passe huit années supplémentaires à charrier des pierres jusqu’au cimetière d’Hauterives et à les assembler, pour former le Tombeau du silence et du repos sans fin, achevé en 1922.
Il y est inhumé après son décès, survenu en 1924.
Au début des années 30, il reçoit le soutien moral de plusieurs artistes tels que Pablo Picasso et André Breton (et à travers ce dernier l’admiration des surréalistes).
Le Palais idéal du facteur Cheval a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 23 septembre 1969, signé d’Edmond Michelet, ministre des Affaires culturelles. À la même époque, son prédécesseur, André Malraux, qui avait appuyé la procédure de classement avant son départ du gouvernement, avait déclaré qu’il considérait le Palais idéal comme « le seul représentant en architecture de l’art naïf ».
Le Tombeau du silence et du repos sans fin a été inscrit sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, par arrêté du 12 septembre 1975.
Le Palais Idéal est le précurseur d’un phénomène, celui des Environnements d’art, et en reste peut-être le plus génial et spectaculaire exemple. Ce phénomène, faisant l’objet d’ouvrages dès 1962, reconnu aujourd’hui dans le monde entier, est lié à l’intérêt porté aux créations. Le Palais Idéal a inspiré des artistes comme ou dans l’élaboration de leurs propres architectures imaginaires.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_id%C3%A9al
A Hauterives (Drôme), un humble facteur a, pendant 33 ans,
érigé seul un étrange palais bâti sur des rêves.
1879-1912 : 10 mille journées
93 mille heures
33 ans d’épreuves
Plus opiniâtre que moi se mette à l’oeuvre (Ferdinand Cheval).
Le Facteur Cheval raconte lui-même dans une lettre comment il a bâti ce palais des Merveilles.
» Un jour du mois d’avril en 1879, en faisant ma tournée de facteur rural […] mon pied accrocha quelque chose qui m’envoya rouler quelques mètres plus loin […] Je fus très surpris de voir que j’avais fait sortir de terre une espèce de pierre à la forme si bizarre, à la fois si pittoresque que je regardais autour de moi. Je vis qu’elle n’était pas seule. Je la pris […] et je l’apportais soigneusement avec moi. A partir de ce moment, je n’eus plus de repos matin et soir. Je partais en chercher; quelquefois je faisais 5 à 6 kilomètres et quand ma charge était faite je la portais sur mon dos.
A partir de ce moment, le facteur accumule des pierres et décide de construire un palais étrange. Il y travaillera 33 ans sans relâche.
Il raconte :
Je commençais à creuser un bassin dans lequel je me mis à sculpter […] toute espèce d’animaux. Ensuite avec mes pierres je commençais une cascade. Je mis deux années pour la construire.
Je commençais une grotte et une seconde cascade de manière que ma grotte se trouve entre les deux […] Je mis encore 3 ans pour l’achever.
Malgré les critiques des gens du pays, le courageux facteur poursuit.
Je me mis à creuser la terre et dans la terre j’ai formé une espèce de rocher et dans ce rocher des cercueils […] Sur ce rocher souterrain j’ai élevé le monument dont la largeur a douze pieds et la longueur 15. Le monument est supporté par 8 murailles dont la forme des pierres est des plus pittoresques.
J’ai commencé ce travail gigantesque à l’âge de 43 ans […] Longueur totale du monument. Elle est de 23 mètres, sa largeur à certains endroits est de 12 mètres, la hauteur varie aussi de 6, 9 à 11 mètres, la forme entière de ce travail qui n’est qu’un seul bloc de rocail qui a environ 600 mètres cube de pierres dans son ensemble.
Le tout a été construit par la main d’un seul homme.
( Lettre de Ferdinand Cheval adressée à l’archiviste départemental André Lacroix en 1897)
http://jacquesmottier.online.fr/pages/palaisideal.html
http://www.linternaute.com/sortir/sorties/architecture/palais-ideal/diaporama/15.shtml
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