Oops ! 6 octobre 2008 – DÜRER et la mélancolie

Peintre, sculpteur, mathématicien, Albrecht DÜRER

            Albrecht Dürer, né le 21 mai 1471 et mort en 1528 à Nuremberg est un  peintre, graveur et mathématicien allemand.

Albrecht Dürer est le troisième enfant d’Albrecht Dürer l’Ancien, orfèvre originaire de Hongrie et arrivé à Nuremberg en 1455. Selon la tradition familiale, Albrecht est lui aussi destiné au métier d’orfèvre.

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   Autoportrait réalisé à 13 ans !

À 13 ans, il en devient donc l’apprenti pendant 3  ans  et apprend à se servir du burin et de la pointe. Voyant les dons de son fils pour le dessin, Albrecht    l’ancien lui donne la permission d’entrer dans l’atelier d’un peintre. C’est ainsi qu’en 1486 il devient l’apprenti de Michael Wolgemut, avec qui il apprend à manier la plume et le pinceau, à copier et dessiner d’après nature, à réaliser des paysages à la gouache et à l’aquarelle et également à peindre à l’huile. Il se familiarise également avec la technique de gravure sur bois. Il est très influencé par Martin Schongauer. En 1491, il entreprend un voyage à Colmar pour rendre visite à l’artiste, mais celui-ci meurt le 2 février 1491 alors qu’Albrecht est encore en route. Il n’arrivera à Colmar qu’en 1492.

En 1494, il rentre à Nuremberg pour se marier avec Agnès Frey, selon le désir des deux familles. Après avoir effectué son tour de compagnon à travers la France et l’Allemagne, il séjourne à deux reprises à Venise, en 1494 puis en 1505. Ce séjour le marque profondément. On lui fait alors la commande d’un retable pour l’autel de Notre-Dame, dans l’église nationale de la colonie allemande à San Bartolommeo. En 1507, Dürer rentre à Nuremberg et entreprend d’étudier les langues et les mathématiques.

En 1512, il reçoit une pension de l’empereur Maximilien de Habsbourg avec titres de noblesse en devenant le peintre de la cour. Il en fait le portrait. À sa mort, il entre au service de Charles Quint. En 1526, il peint Les Quatre Apôtres.

Il écrit des livres parmi lesquels « Les Règles de la Peinture » ou le « Traité des proportions du corps humain » publié en 1525 et traduit par Loys Meigret en 1557. Il illustre plusieurs ouvrages, tels que « l’Arc triomphal » et le « Char triomphal de Maximilien », « la Passion de J.-C », « l’Apocalypse », « l’Histoire de la vierge Marie », et « La nef des fous » de Sébastien Brant.

Il eut Barthel Beham, Hans Süss von Kulmbach, Hans Baldung comme élèves.

Painting of the Castel by Albrecht DŸrer

Painting of the Castel by Albrecht DŸrer

               Aquarelle (Elle date de 500 ans !), incroyablement moderne!

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Encre (d’un réalisme surprenant!)

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Dessin – (1514)

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Dürer, le graveur

Rappelons que son maître Michel Wolgemut est « responsable de la publication de deux ouvrages xylographiques: le Schatzbehalter (ou thesaurus religieux) et la Chronique de Nuremberg, une sorte de précis historique publié en 1493 avec six cent cinquante-deux bois gravés comprenant trois cents personnages différents ( deux cent soixante-dix rois, vingt-huit papes et une riche série de vues de villes, de paysages et de monastères) ». En 1490 il part pour faire son apprentissage, en 1494 il rencontre Vitruve et inclut le canon des proportions dans ses œuvres gravés.

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Dürer, le mathématicien

 Déjà artiste accompli, Dürer se rend en Italie en 1494 et rencontre Jacopo de’ Barbari qui l’initie au rôle des mathématiques dans les proportions et la perspective. Dürer se plonge alors dans les Éléments d’Euclide et le traité De architectura de Vitruve. Il s’instruit aussi dans les travaux d’Alberti et Pacioli. Il met en pratique ses nouvelles connaissances dans ses œuvres artistiques. Pour construire sa gravure Adam et Ève, il prépare son œuvre par un faisceau de droites et de cercles. Il analyse et développe la nouvelle théorie de la perspective notamment dans ses illustration pour La Vie de la vierge. Le goût d’Albrecht Dürer pour les mathématiques se retrouve dans la gravure Melancholia , tableau dans lequel il glisse un carré magique, un polyèdre constitué de deux triangles équilatéraux et six pentagones irréguliers. Il s’intéresse aussi aux proportions (proportions du cheval et proportions du corps humain).

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Détail du carré magique en haut à droite.

Clin d’oeil:
1514 (Date de création de l’oeuvre)

Présence des symboles ésotériques (compas, balance, sablier…….), d’un carré magique (clin d’oeil), composition sur la diagonale, représentation d’une comète qu’a vu Dürer. Présence d’une chauve-souris, d’un chien, d’un angelot, d’une cloche, d’un rabot, d’une sphère, d’une échelle. On dirait une liste à la « Prévert ». Les interprétations sont innonbrables (voir Internet).

Il commence à rassembler de la documentation pour rédiger un grand ouvrage sur les mathématiques et ses applications dans l’art. Ce mémoire ne paraîtra jamais mais les matériaux rassemblés lui serviront pour ses autres traités. Son œuvre mathématique majeure reste les Instructions pour la mesure à la règle et au compas (1538), qui développe en quatre livres les principales constructions géométriques comme la spirale d’Archimède, la spirale logarithmique, la conchoïde, l’épicycloïde, le limaçon de Pascal, des constructions approchées des polygones réguliers à 5, 7, 9, 11 ou 13 côtés et de la trisection de l’angle et de la quadrature du cercle, des constructions de solides géométriques (cylindre, solides de Platon..), une théorie de l’ombre et de la perspective. Il laissera son nom sur un perspectographe simple à œilleton.
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La géométrie descriptive (à l’origine de la morphométrie) nécessaire à la représentation des corps dans l’espace, initiée par Dürer sera reprise, deux siècles plus tard, par Gaspard Monge qui en fera un développement complet et artistique.

Entre autres sources:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Albrecht_D%C3%BCrer

 

Oops ! 30 octobre 2008- Le palais idéal du Facteur CHEVAL

LE PALAIS IDEAL DU FACTEUR CHEVAL

CHEVAL-Le palais Hauterives (Drôme)

 

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« Fils de paysan je veux vivre et mourir pour prouver que dans ma catégorie il y a aussi des hommes de génie et d’énergie. Vingt-neuf ans je suis resté facteur rural. Le travail fait ma gloire et l’honneur mon seul bonheur; à présent voici mon étrange histoire. Où le songe est devenu, quarante ans après, une réalité.  »    Ferdinand Cheval, 15 mars 1905.

  Après l’obtention de son certificat d’études primaires, il devient, à l’âge de treize ans,   apprenti boulanger, profession dans laquelle il travaille durant quelques années.

Le 12 juillet 1867, il est officiellement nommé « facteur aux postes ».

En 1869, il est affecté à Hauterives, à une douzaine de kilomètres de son village natal, ayant en charge la « tournée de Tersanne », une tournée pédestre quotidienne de 33 km.

Dès le début de ses longues tournées, qui n’avaient pas le même rythme que les tournées cyclistes ou motorisées d’un « préposé » rural du XXI ème siècle.  il occupe ses heures de randonnée à de longues rêveries au cours desquelles il bâtit un « palais féerique », rêveries qui ne commenceront à être concrétisées qu’une dizaine d’années plus tard. Selon ses souvenirs, en avril 1879, durant l’une de ses tournées, le pied du facteur bute contre une pierre, manquant de le faire tomber sur le chemin. Son œil ayant été attiré par la forme curieuse de la pierre, il la ramasse et la glisse dans l’une de ses poches avec l’intention de la regarder plus tard à tête reposée.

Dès le lendemain, repassant au même lieu, il constate la présence d’autres pierres ayant des formes encore plus singulières et, à son goût, plus belles que celle qu’il avait trouvée la veille. Il se fait alors la réflexion que, puisque la nature pouvait « faire de la sculpture », il pourrait très bien lui-même, fort de ses longues rêveries préparatoires, se faire architecte, maître d’œuvre et ouvrier dans la construction d’un « Palais idéal ».

Durant les 33 années qui suivent, Ferdinand Cheval ne cesse de choisir des pierres durant sa tournée quotidienne, les portant d’abord dans ses poches, puis se munissant d’un panier, voire d’une brouette en certaines occasions. Revenu à son domicile, il passe de longues heures à la mise en œuvre de son rêve, travaillant de nuit à la lueur d’une lampe à pétrole. Il est alors considéré comme un excentrique par les gens du cru, qui ne disposent pas de la vision d’ensemble qu’avait l’architecte.

Après l’achèvement du Palais idéal, il manifeste son désir d’être plus tard enseveli dans l’enceinte même de son œuvre, ce que la loi française ne permet pas lorsque le corps n’est pas incinéré. L’usage de la crémation n’étant à l’époque pas du tout entré dans les mœurs en France, Ferdinand Cheval se résout alors à se conformer aux contraintes légales en se faisant inhumer, le moment venu, dans le cimetière communal, mais en choisissant lui-même la forme de son tombeau.

C’est ainsi qu’à partir de 1914, il passe huit années supplémentaires à charrier des pierres jusqu’au cimetière d’Hauterives et à les assembler, pour former le Tombeau du silence et du repos sans fin, achevé en 1922.

Il y est inhumé après son décès, survenu en 1924.

Au début des années 30, il reçoit le soutien moral de plusieurs artistes tels que Pablo Picasso et André Breton (et à travers ce dernier l’admiration des surréalistes).

Le Palais idéal du facteur Cheval a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 23 septembre 1969, signé d’Edmond Michelet, ministre des Affaires culturelles. À la même époque, son prédécesseur, André Malraux, qui avait appuyé la procédure de classement avant son départ du gouvernement, avait déclaré qu’il considérait le Palais idéal comme « le seul représentant en architecture de l’art naïf ».

CHEVAL-Tombeau_Facteur_Cheval

Le Tombeau du silence et du repos sans fin a été inscrit sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, par arrêté du 12 septembre 1975.

Le Palais Idéal est le précurseur d’un phénomène, celui des Environnements d’art, et en reste peut-être le plus génial et spectaculaire exemple. Ce phénomène, faisant l’objet d’ouvrages dès 1962, reconnu aujourd’hui dans le monde entier, est lié à l’intérêt porté aux créations. Le Palais Idéal a inspiré des artistes comme ou dans l’élaboration de leurs propres architectures imaginaires.

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_id%C3%A9al

 A Hauterives (Drôme), un humble facteur a, pendant 33 ans,
érigé seul un étrange palais bâti sur des rêves.

1879-1912  : 10 mille journées
93 mille heures
33 ans d’épreuves
Plus opiniâtre que moi se mette à l’oeuvre  (Ferdinand Cheval).

Le Facteur Cheval raconte lui-même dans une lettre comment il a bâti ce palais des Merveilles.

 » Un jour du mois d’avril en 1879, en faisant ma tournée de facteur rural […] mon pied accrocha quelque chose qui m’envoya rouler quelques mètres plus loin […] Je fus très surpris de voir que j’avais fait sortir de terre une espèce de pierre à la forme si bizarre, à la fois si pittoresque que je regardais autour de moi. Je vis qu’elle n’était pas seule. Je la pris […] et je l’apportais soigneusement avec moi. A partir de ce moment, je n’eus plus de repos matin et soir. Je partais en chercher; quelquefois je faisais 5 à 6 kilomètres et quand ma charge était faite je la portais sur mon dos.

A partir de ce moment, le facteur accumule des pierres et décide de construire un palais étrange. Il y travaillera 33 ans sans relâche.

Il raconte :

Je commençais à creuser un bassin dans lequel je me mis à sculpter […] toute espèce d’animaux. Ensuite avec mes pierres je commençais une cascade. Je mis deux années pour la construire.

Je commençais une grotte et une seconde cascade de manière que ma grotte se trouve entre les deux […] Je mis encore 3 ans pour l’achever.

Malgré les critiques des gens du pays, le courageux facteur poursuit.

Je me mis à creuser la terre et dans la terre j’ai formé une espèce de rocher et dans ce rocher des cercueils […] Sur ce rocher souterrain j’ai élevé le monument dont la largeur a douze pieds et la longueur 15. Le monument est supporté par 8 murailles dont la forme des pierres est des plus pittoresques. 

 J’ai commencé ce travail gigantesque à l’âge de 43 ans […] Longueur totale du monument. Elle est de 23 mètres, sa largeur à certains endroits est de 12 mètres, la hauteur varie aussi de 6, 9 à 11 mètres, la forme entière de ce travail qui n’est qu’un seul bloc de rocail qui a environ 600 mètres cube de pierres dans son ensemble.

Le tout a été construit par la main d’un seul homme.

lettre facteur Cheval

 

 

( Lettre de Ferdinand Cheval adressée à l’archiviste départemental André Lacroix en 1897)

http://jacquesmottier.online.fr/pages/palaisideal.html

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Le Palais

CHEVAL-Les 3 géants

Les 3 géants

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Façade Est

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Temple Hindou

 

 

 

 

CHEVAL-Le palais de nuit

Le Palais de nuit

http://www.linternaute.com/sortir/sorties/architecture/palais-ideal/diaporama/15.shtml

Vidéos

Oops ! 17 novembre 2008 – Auguste RODIN

Quelques  facettes d’ Auguste RODIN.
Les Bourgeois de Calais
Le Penseur
La Porte de l’Enfer
Les dessins « érotiques »

 

 

                   Vidéo d’après un film de 1914.

                             Commentaires de Sacha Guitry (1957?), en fin d’article.

François-Auguste-René Rodin (Auguste Rodin)

Naissance : Paris, 1840 – Décès : Meudon-la-Forêt, 1917

 

Auguste Rodin, né le 12 novembre 1840 dans une famille modeste, aura une influence profonde sur la sculpture du XXème siècle. Admis à l’école spéciale de dessin et de mathématiques, dite « la Petite École » à l’âge de quatorze ans, il suivra les cours de Lecoq de Boisbaudran et du peintre Belloc et découvrira la sculpture l’année suivante.

Ayant échoué à trois reprises au concours d’entrée à l’Ecole des Beaux-arts, Rodin travaillera comme maçon chez plusieurs décorateurs et ornemanistes. Il entrera chez les Pères du Très-Saint-Sacrement en 1862 – après le décès de sa sœur Maria – qu’il quittera sur les conseils du père supérieur qui l’encouragera à poursuivre dans la voie artistique. Rodin collaborera avec Carrier-Belleuse en 1864, année au cours de laquelle il rencontrera Rose Beuret, une ouvrière couturière âgée de vingt ans qui lui servira de modèle et deviendra sa maîtresse. Camille Claudel naîtra la même année et Auguste-Eugène Beuret, fils naturel du sculpteur, en 1866.

Rodin accompagnera Van Rasbourgh à Bruxelles en 1870, sera mobilisé comme caporal dans la Garde Nationale à son retour à Paris, puis sera réformé pour sa myopie. Il retrouvera Carrier-Belleuse en Belgique, avec lequel il collaborera jusqu’en 1872. Associé par contrat au sculpteur belge Antoine-Joseph Van Rasbourgh en 1873, Rodin participera au décor du Palais des Académies à Bruxelles, peindra une série de paysages de la forêt de Soignes et réalisera des lithographies destinées au journal satirique Le Petit Comique.

Il étudiera Michel-Ange en Italie en 1875, puis exposera l’Age d’airain au Cercle artistique et littéraire de Bruxelles et au Salon des Artistes français de Paris en 1877. Il sera alors accusé d’avoir moulé sa figure sur nature.

Rodin quittera la Belgique, avec Rose, et entreprendra sa première grande tournée des cathédrales du centre de la France avant d’intégrer la Manufacture de Sèvres jusqu’en décembre 1882. Il occupera en 1880 son premier atelier du dépôt des marbres, au 182 rue de l’Université, qu’il gardera jusqu’à sa mort. L’Etat français lui achètera l’Age d’airain et commandera une porte pour le futur musée des Arts Décoratifs. Il y travaillera jusqu’à la fin de sa vie sans la livrer. (voir vidéo en fin d’article)

Les Bourgeois de Calais.

Rodin, qui vendra à l’Etat une épreuve de son Saint Jean-Baptiste en bronze en 1881, apprendra la gravure à Londres, auprès d’Alphonse Legros. Il exécutera les figures d’Adam, d’Eve et du Penseur l’année suivante et fera la connaissance de Camille Claudel, alors âgée de 19 ans, en 1883. La municipalité de Calais lui commandera un monument commémoratif à Eustache de Saint Pierre, qui deviendra le Monument aux Bourgeois de Calais et sera inauguré en 1895 en présence de Rodin.

(Le succès de la Porte et les nombreux contacts mondains de Rodin finissent par porter fruit et de nouveaux contrats lui sont ainsi de plus en plus proposés. De plus, il existe, à l’époque où Rodin travaille à sa Porte, une véritable statuomanie, de sorte que bien des villes se cherchent un écrivain, un savant, un héros à honorer. Le jeune maire de Calais, Oscar Dewavrin a pour sa part décidé d’ériger un monument à la mémoire des six Bourgeois qui s’étaient livrés en otage lors de la guerre de cent ans. Leur histoire est racontée dans les Chroniques de Froissart. 1913.

En 1347, le roi de France, Philippe VI est obligé de céder le port de Calais aux anglais qui l’assiègent. Le roi d’angleterre, Édouard III, est déterminé à affamer les citoyens de la ville pour se venger des torts subis par les anglais lors du siège. Il accepte cependant d’épargner la ville à condition que six des principaux notables, tête et pieds nus, vêtus de simples bures et la corde au cou, lui livrent les clefs de la ville. Il veut évidemment faire un exemple. La reine « qui estoit durement enchainte », comme le dit Froissart, obtiendra cependant la libération des otages, après les avoir  invités à dîner.

Pour l’exécution de la statue, le maire Dewavrin prend conseil auprès de calaisiens qui proposent Rodin. Ce dernier a lu les Chroniques qui lui ont fait « voir » les otages et qui l’ont convaincu de représenter non pas un seul personnage, comme le veut au départ la commande, mais tous les six.

Il choisit le moment où les six otages décident de partir, en les montrant côte à côte, dans l’ordre du degré de courage et d’héroisme de chacun, vulnérables et contraints à la reddition. La présentation se veut réaliste et sobre.

La première maquette, haute de 35 cm séduit les membres du comité chargé de choisir le sculpteur qui sont impressionnés par l’originalité de la présentation. On accorde le contrat de 35000 francs à Rodin en janvier ’85, la sculpture doit être livrée en 1886. On lui demande alors de préparer dans les plus brefs délais une maquette au tiers de la dimension finale qui ne doit pas être inférieure à deux mètres. Encore une fois, le comité et l’artiste n’ont pas la même perception « des plus brefs délais » et Rodin prend six mois pour préparer la maquette au tiers.

Présentée en juillet, elle est loin de plaire. Le sculpteur n’a pas jugé bon d’exécuter dans le détail tous les plis des vêtements, il trouve l’esquisse plus expressive et plus proche de son idée qu’un rendu dépourvu d’expression. Selon lui, il est inutile de dépenser 300 francs pour nettoyer de-ci, de là, dans le seul but de plaire au public. Le principal est fait, c’est-à-dire les personnages nus (dessous), et il est inutile de soigner les drapés de la maquette qui seront forcément différents sur la sculpture finale, les plis ne tombant jamais au même endroit d’une fois à l’autre.

C’est trop demander au comité composé du président de la chambre de commerce et de la chorale municipale, de deux fabricants de dentelle, de deux armateurs, de l’architecte de la ville et du banquier chargé de gérer le budget du monument. Le public est pour sa part outragé et dans Le Patriote, journal municipal, on se moque des six ridicules messieurs en chemise : « Si votre douleur est si grande, si vous regrettez à ce point votre dévouement, que n’êtes-vous pas restés chez-vous ? »

On trouve que l’ensemble manque de fini. On lui reproche ses costumes, qui ne sont pas d’époque. Ce n’est pas ainsi qu’on se représentait les héros. On aimerait par ailleurs une composition plus grandiose, en pyramide, suivant le goût du jour plus conventionnel. La décision du comité est claire : pas de changements de la part de l’artiste, pas d’argent. On lui suggère de revenir à un seul personnage. Rodin proteste : la présentation de la maquette au tiers n’a pas pour but de recommencer la consultation pour refaire une nouvelle sculpture.

Selon lui, retrancher quoi que ce soit équivaut à tout recommencer,
« une harmonie dérangée en sculpture en appelle une autre. »

« Quand un bon sculpteur modèle une statue, quelle qu’elle soit, il faut d’abord qu’il conçoive fortement le mouvement général; il faut, ensuite, que jusqu’à la fin de sa tâche, il maintienne énergiquement dans la pleine lumière de sa conscience son idée d’ensemble, pour y ramener sans cesse et y relier étroitement les moindres détails de son oeuvre. Et cela ne va pas sans un rude effort de pensée. »

Par ailleurs, il a besoin de l’ensemble des personnages, chacun avec son expression, pour raconter instantanément une histoire globale.

« La littérature développe des histoires, qui ont un commencement, un milieu, et une fin. Elle enchaîne divers événements dont elle tire une conclusion. Elle fait agir des personnages et montre les conséquences de leur conduite. … Il n’en va pas de même pour les arts de la forme. Ils ne réprésentent jamais qu’une seule phase d’une action. »


Malgré ses protestations, Rodin va quand même effectuer certains changements notamment dans la base et dans les gestes des personnages. Il est vrai, cependant que ces modifications viennent de lui, on sait qu’il ne cesse d’en faire dans tous les travaux qu’il entreprend. Il n’accepte simplement pas les changements que veulent lui imposer un public ou un jury ignorants. En fait, Rodin apporte sans cesse des transformations à ses personnages, et finit par amadouer le comité comme l’atteste un paiement de 500 francs en octobre 1886. Puis, le banquier chargé du projet fait faillite et l’affaire est suspendue.

Cependant Rodin travaille aux personnages grandeur nature. Selon son habitude, il travaille en combinant différents morceaux ensemble. On peut par exemple apercevoir la même tête à peine transformée sur plus d’un personnage. Trois de ses Bourgeois sont présentés à la galerie Georges Petit, à Paris en 1887. L’exposition remporte un succès considérable dont Rodin se sert pour réactiver le projet et recevoir un peu d’argent de la ville de Calais.

Ce n’est malheureusement qu’en 1894, grâce à une loterie de 45000 billets à 1 franc chacun, et à une subvention de 5300 francs du ministère des beaux-arts, que le projet est ravivé.

Rodin voit ses Bourgeois de Calais coulés en bronze et assiste à l’inauguration à Calais en 1895, dix ans après le début des travaux. C’est, à 55 ans, son premier succès public et il recoit à l’occasion la Légion d’honneur.

Il aurait souhaité une installation au ras du sol, pour faire participer le public à sa sculpture. On la place cependant sur un piédestal entouré d’une grille qui gène la vue d’ensemble. On installe aussi une pissoire, au désespoir du sculpteur.

Pendant la première guerre mondiale, un des personnages reçoit un obus dans une jambe et les Bourgeois sont descendus dans la cave de l’hôtel de ville. Replacée après la guerre, la sculpture est enfin transférée au ras du sol, selon les désirs de Rodin.


http://www.richardstemarie.net/rodin/bourgeois2.html

Pierre  de Wissant habillé.
(Un des bourgeois de Calais)

 

L’année 1886, marquée par la commande des monuments à Vicuna Mackenna et au général Lynch à Santiago du Chili, sera également celle du Baiser commandé par l’Etat pour l’Exposition Universelle de 1889. Rodin illustrera l’exemplaire des Fleurs du Mal de Baudelaire appartenant à Gallimard en 1887.

Membre fondateur de la Société nationale des Beaux-arts, le sculpteur obtiendra la commande, en 1889, du Monument à Victor Hugo pour le Panthéon et du monument à Claude Lorrain qui sera inauguré à Nancy en 1892. Son Victor Hugo assis, refusé en 1890, donnera naissance à une statue debout l’année suivante. La Société des Gens de Lettres lui commandera alors un Monument à Balzac.

Rodin, succédant à Dalou en 1893 au poste de Président de la section sculpture et vice-président de la Société Nationale des Beaux-Arts, engagera Bourdelle comme praticien. Il rencontrera Cézanne chez Monet à Giverny en 1894 et recevra la même année la commande du Monument à Sarmiento destiné à Buenos-Aires, qui sera inauguré en 1900.

La rupture avec Camille Claudel interviendra en 1898. Elle est alors âgée de 34 ans. La Société des gens de lettres refusera le Balzac en plâtre présenté au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts. La commande d’un Monument à Puvis de Chavannes interviendra en 1899, année qui sera marquée par la première exposition monographique à Bruxelles puis à Rotterdam, Amsterdam et La Haye. La  grande Eve sera exposée au Salon de la Nationale.   

Le Pavillon Rodin, place de l’Alma à Paris, sera inauguré à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900. Démonté et reconstruit à Meudon l’année suivante, il servira d’atelier à l’artiste jusqu’à sa mort. Le poète Rainer Maria Rilke (1875-1926) sera le secrétaire du sculpteur du 15 septembre 1905 au 12 mai 1906. Rodin deviendra l’amant de la duchesse de Choiseul en 1904, avant de la quitter en 1912. La peintre et femme de lettres britannique Gwendolen Mary John (1876-1939), sœur du peintre Auguste John, sera également la maîtresse du sculpteur en 1904, et lui servira de modèle pour la Muse Whistler. Le Penseur sera placé devant le Panthéon en 1906.

Rodin exécutera une série d’aquarelles d’après les danseuses cambodgiennes à l’Exposition coloniale de Marseille de 1906 et y rencontrera la danseuse japonaise Hanako (1868-1945) qui posera pour lui en 1907 pour la première fois. Le grand modèle de l’Homme qui marche sera exposé au Salon de la Nationale cette même année.

Rodin s’installera à l’hôtel Biron, qui deviendra le Musée Rodin, en 1908. L’année 1911 sera marquée par la participation de l’artiste à l’Exposition royale des Beaux-Arts à Berlin et la commande par L’Etat d’un Buste de Puvis de Chavannes pour le Panthéon.

Le Bourgeois de Calais acheté par l’Angleterre pour les jardins de Westminster, sera placé devant le Parlement et l’Homme qui marche installé au palais Farnèse (ambassade de France) à Rome. La salle consacrée à Rodin au Metropolitan Museum de New York sera inaugurée en 1912. Camille Claudel sera internée l’année suivante.

Rodin tombera gravement malade en 1916. Il fera trois donations successives (1er avril, 13 septembre, 25 octobre) de ses collections à l’État. La Chambre des Députés puis le Sénat voteront l’établissement du musée Rodin à l’Hôtel Biron. Rodin y recevra une commande pour un monument à la mémoire des combattants de Verdun. Il épousera Rose Beuret le 29 janvier 1917 à Meudon. Celle-ci décédera le 14 février et Rodin le 17 novembre. Il sera enterré le 24 novembre – également à Meudon – à côté de Rose et à l’ombre de son Penseur. Le musée Rodin ouvrira ses portes au public le 4 août 1919.

 


Source : Insecula

 

 

Le Penseur
 

Comme bon nombre d’œuvres d’art, le Penseur n’est pas devenu ce qu’il était censé devenir à sa réalisation : la partie centrale du Linteau de la Porte de l’Enfer, œuvre inachevée et inspirée de l’Enfer de Dante qui devait être une porte monumentale d’un musée d’art décoratif. Une œuvre qui aurait dû rassembler un riche ensemble de statues qui n’existeront jamais ensemble mais séparément (Fugit Amor, Le Baiser ou encore Francesca).
Le Penseur, débuté autour de 1880-1882 et qui était nommé par Rodin « Dante » ou le « Poète », devait donc être placé au dessus d’une série de condamnés sculptés en bas relief, en méditation sur leur sort, d’où la position de la statue. Un bref regard suffit à comprendre l’importance de cette méditation où le personnage semble être imperturbable et perdu dans les profondeurs de son âme.

Ce rapport à l’âme est ici l’essentiel du travail de Rodin. Pourtant pleine d’une force et d’une puissance retenue, mise en valeur par le travail de la musculature, la statue ne donne à la force physique que l’image de l’apparence extérieure. La véritable force existe davantage à travers l’évocation d’une puissance intérieure, comme l’expression des tourments de l’âme, des angoisses humaines.

La première exposition de l’œuvre en France en 1904 provoque le mépris ou l’amusement d’un partie du public et de la presse. En réaction est lancée une souscription pour couler la statue et une version définitive, plus grande, est offerte à la mairie de Paris en 1906: il s’agit de celle qui est aujourd’hui dans les jardins de l’hôtel Biron à Paris, à savoir le musée Rodin depuis 1919.

La Porte de l’Enfer.

(Le penseur est au centre du fronton.)



Porte en bronze


Porte en plâtre


Porte de l’Enfer (détail – bas de la porte gauche avec représentation d’Ugolin).

http://www.clioetcalliope.com/oeuvres/sculpture/rodin/rodin.htm

«L’art, c’est la plus sublime mission de l’homme, puisque c’est l’exercice de la pensée qui cherche à comprendre le monde et à le faire comprendre.»
[ Auguste Rodin ]

«Un art qui a de la vie ne reproduit pas le passé ; il le continue.»
[ Auguste Rodin ]

«Quand un bon sculpteur modèle des corps humains, il ne représente pas seulement la musculature, mais aussi la vie qui les réchauffe.»
[ Auguste Rodin ] – Cité dans Art game book

«Les compliments sont des bonbons dont les femmes raffolent toute leur vie ; jeunes, pour les croquer à pleines dents ; vieilles, pour les faire fondre doucement entre leurs dents.»
[ Auguste Rodin ]

«Il n’y a point de recette pour embellir la nature. Il ne s’agit que de voir.»
[ Auguste Rodin ] – Extrait d’ L’Art

«Il n’y a réellement ni beau style, ni beau dessin, ni belle couleur : il n’y a qu’une seule beauté, celle de la vérité qui se révèle.»
[ Auguste Rodin ] – Propos recueillis par Paul Gsell

evene.fr

Les dessins « érotiques »

 

 

On en parlait, on savait qu’ils étaient là, quelque part, on en avait vu certains, ici ou là, mais il était difficile d’imaginer qu’ils étaient groupés en masse offensive, harmonique, formant une percée sans équivalent dans la représentation des corps.
Les voici donc, ces dessins […] A quoi pense le Penseur ? A ça. Que contemple, enfermé en lui-même et rejeté en arrière, le Balzac ? Ca. Sur quoi ouvre la Porte de l’Enfer ? Sur ça. A quoi rêve Hugo sans pouvoir le dire ? A ça. D’où sortent tant de bustes, de mains, de jambes et de gestes, de visages tendus, de couples musculeux, de demi-dieux ou déesses emportées ? De ça. De ces femmes uniques, au pluriel nu, en situation extrême. Découvrant en mouvement leur sexe, le désignant et le profilant, l’imposant de face, Méduse enfin affrontée et vaincue par au moins un explorateur ou criminel de fond, encore un Français comme par hasard, concentré, obstiné, au milieu de la régression générale, atelier réservé, convenances dehors, en pleine action dedans, on ne pourra évidemment montrer le résultat que beaucoup plus tard.

[…]

Une bacchante, une courtisane, une coquille, une araignée, une constellation, une Danaé, – et puis Satan, le Diable en personne. Avec sa vibration et son fouet. Il y a un tremblement, un tressautement, des étincelles, un courant de possession furieux et pourtant serein. Assises, allongées, emboîtées, elles tournent. Rodin, jupitérien sous forme d’une pluie d’ondes, les pénètre de toutes parts, ces mortelles ou demi-mortelles, il se situe exactement à l’intersection de leur jouissance et du trait. […]
S’il fallait en choisir une, ce serait le numéro 6187.
En regardant, j’écoute L’Enlèvement au sérail, de Mozart.

Philippe Sollers, Rodin, dessins érotiques, avec Alain Kirili, Gallimard, 1987

 

 

 

Qu’y a-t-il sur vos murs ? 

Presque rien. Un dessin de Rodin, un petit nu ; un magnifique rouleau que j’ai trouvé dans un coin à Pékin – de la calligraphie. Elle représente mon idéal, le paysage avec l’écriture, le tableau en même temps que le poème. C’est magnifique de ne pas accepter la dislocation entre d’un côté ce qu’il y a à voir et de l’autre ce qu’il y a à dire. C’est la même chose.

Propos recueillis par Pierre Assouline

Extrait de « Le jardin secret de Philippe Sollers« 

 

http://www.pileface.com/sollers/article.php3?id_article=466

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vidéo  « La Porte de l’Enfer »

 

 

 

 

 

 

 

Vidéo (Extraits de la vidéo 1914 – Dailymotion)

Auguste Rodin. Commentaires de Sacha Guitry !


Auguste RODIN from YAG on Vimeo.

 

 

 

 

Oops ! 22 janvier 2008 – La Sieste

La sieste,
source d’inspiration de nombreux peintres, m’a semblé être un sujet « reposant » pour
ces pages. Bonne sieste !
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Jules Bastien Lepage – Le foin

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Millet – La méridienne (original)

 

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La méridienne inversée  (voir interprétation de Lavieille et Van Gogh)

Millet_Jean_Francois   MILLET Jean François 1814 – Barbizon, 1875.Le futur peintre des paysans n’avait pas vingt lorsqu’il commença son apprentissage auprès des peintres Mouchel et Langlois à Cherbourg, de 1833 à 1837. Muni d’une bourse municipale, il vient à Paris et s’inscrit à l’école des beaux-arts où il suit les cours de Paul Delaroche. Après avoir échoué au Prix de peinture et quitté l’école, millet se voit supprimer sa bourse. Cela ne l’empêche pas d’adresser deux portraits au Salon, dont un exposé. En 1841, millet retourne à Cherbourg où le portrait posthume de l’ancien maire, le colonel Javain Cherbourg, est refusé par la municipalité. il épouse en novembre Pauline-Virginie Ono.

Après avoir été exclu du Salon en 1843, il y revient avec deux œuvres en 1844. De 1843 à 1846, il réalise ses meilleurs portraits dans une «manière fleurie». Les couleurs y sont posées en touches juxtaposées, de manière à former une surface animée et sensuelle. Après un séjour au Havre, Millet et sa nouvelle compagne, Catherine Lemaire, qu’il épousera en 1853, s’installent à Paris. L’influence de Troyon et de Diaz devient perceptible dans les œuvres qu’il commercialise par l’intermédiaire de Durand-Ruel. Il peint alors plusieurs nus quelques scènes de genre et un Œdipe détaché de l’arbre Salon de 1847 qui lui vaut d’élogieuses critiques. à partir de 1848, les sujets paysans deviennent de plus en plus courants (le Vanneur), Salon de 1848. En juillet, le nouveau gouvernement lui commande un tableau. Il ébauche une toile représentant Agar et Ismaël, mais livre finalement en 1849 le Repos des faneurs.

Barbizon

Grâce à la somme reçue de l’état, il s’installe à Barbizon, où il passera le reste de ses jours, entouré de sa femme et de ses neuf enfants – le dernier naît en 1863. Alfred Sensier lui sert dès lors d’agent, lui fournit le matériel nécessaire à son art et reçoit les œuvres terminées, qu’il se charge de commercialiser. Régulièrement accepté au Salon, souvent exposé dans des galeries en France et à l’étranger, assuré d’un certain nombre de clients réguliers, il réalise des peintures d’un réalisme classique empreint de monumentalité (les Glaneuses, 1857 ; l’Angélus, 1858 -1859 ) qui ne sont pas sans rappeler Poussin. Durant les années 1860, il se tourne de plus en plus vers le paysage, comme Théodore Rousseau, l’autre maître de Barbizon (le Bout du village de Gréville, Salon de 1866 et réalise de grands pastels la Méridienne, 1866, que copiera Van Gogh. Ceci lui vaut la commande en 1868, par son mécène Frédéric Hartmann, d’une suite de peintures illustrant les Quatre Saisons. Il travaillera jusqu’en 1874 à cette série sans pouvoir y mettre un terme; l’Hiver les bûcheronnes restera inachevé. Reconnu et honoré, il meurt à Barbizon au début de 1875.

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Lavieille – La sieste (bois gravé)

Jacques Adrien Lavieille    (1818-1862).
Il est le frère aîné d’Eugène Lavieille (1820-1889), peintre paysagiste. Dans un premier temps, Jacques Adrien apprit le métier de leur père, qui était tapissier à façon. Mais rapidement, il devint élève de l’École des beaux-arts, où il se lia avec Antoine Johannot. Il entra dans l’atelier de Henri Désiré Porret, puis partit, en 1837, passer une année à Londres, où il travailla dans celui du graveur Williams. De retour en France, il se consacra à la gravure sur bois, art dans lequel il acquit une certaine renommée. En 1842, il accompagna Horace Vernet en Russie, où on lui proposa une place de professeur à l’Académie impériale, place qu’il refusa car elle était conditionnée à une naturalisation.
Il a gravé à partir d’œuvres de plusieurs peintres de son époque :Millet (Van Gogh s’est inspiré pour une de ses œuvres du tableau de MilletLa Sieste grâce à une gravure faite par Jacques Adrien Lavieille), Daubigny, Rosa Bonheur, Charles Jacque, son frère Eugène Lavieille. Mais certaines de ses gravures sont des gravures originales, réalisées à partir de ses propres dessins.
Il a exposé aux Salons dans la section Gravure de 1848 à 1859.
Cependant, son œuvre a été interrompue par une mort prématurée, à seulement 44 ans. Désespéré par la désaffection des éditeurs vis-à-vis de son travail, il se jette par la fenêtre de son appartement.
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Millet (inversé)                                     Lavieille                                                   Van Gogh
Les trois oeuvres.

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Van Gogh. La sieste
200px-Vincent_Willem_van_Gogh_107     VAN GOGH   1853-1890
Artiste non reconnu et incompris de son vivant, Van Gogh est l’un des grands peintres du XIXème siècle. Hésitant un temps entre la vocation artistique et religieuse, il choisit de se consacrer à la peinture. Son style très coloré a une vitalité et une tension particulière qui n’ont pas fini de marquer les esprits.
Entre art et religion
Vincent (Willem) Van Gogh est né le 30 mars 1853 à Groot-Zundert, un petit village de Hollande. Fils d’un pasteur protestant, il fut baigné dès son plus jeune âge dans la religion. Son tempérament agité lui pose quelques difficultés pour se faire des amis. En 1857 naît son frère Théodorus (dit Théo), qui deviendra son plus grand ami et confident. Ils auront une longue correspondance et Théo apportera à maintes reprises une aide financière à son frère. Après une scolarité mouvementée, il devint en 1869 commis dans la galerie d’art Goupil et Cie, galerie fondée par son oncle à La Haye. Il passera ensuite par la succursale londonienne puis celle de Paris.
Vincent lit beaucoup, surtout la Bible. Il se désintéresse de son travail à la galerie et finit par démissionner en avril 1876. Il décide alors de se tourner vers la vie religieuse. Il sera prédicateur dans un faubourg ouvrier de Londres avant d’entreprendre des études à la faculté de théologie d’Amsterdam. Il abandonne cet enseignement jugé trop difficile mais reste convaincu de sa vocation spirituelle. Il souhaite devenir prédicateur laïc. Il obtient en 1879 une mission d’évangélisation en Belgique. Il se rend auprès des mineurs du Borinage et partage leurs conditions de vie extrêmement dures. Il a traduit cette découverte de la misère humaine dans des tableaux sombres comme les Mangeurs de pommes terre. Son implication auprès des plus modestes est cependant jugée excessive par ses supérieurs et son poste n’est pas renouvelé.
Après une phase de dépression, il rejoint son frère Théo à Paris. Il découvre les jeunes peintres parisiens, le Louvre et les estampes japonaises. Il rencontre entre autres Toulouse-Lautrec, Pissarro, Gauguin et Bernard. A leur contact et sous leur influence, les tableaux de Van Gogh prennent un peu de couleurs. Bien que Vincent ait été capable de réaliser plusieurs dizaines de tableaux à cette époque, son état mental était loin d’être stable.
Départ pour le Sud de la France
En février 1888, Van Gogh quitte Paris et s’installe à Arles. Sous le soleil de Provence, son style de peinture se modifie. Ses toiles sont plus colorées. Il peint par larges touches courbes et utilise abondamment les couleurs jaune, vert et bleu. Il crée un style inimitable qui atteint son apogée avec la Chambre à coucher et La Nuit étoilée.
Rêvant de vivre en communauté d’artistes, il invite Gauguin à le rejoindre à Arles. Ils vivent et peignent ensemble mais, au bout de deux mois, leurs relations se détériorent. Le 23 décembre 1888, Vincent menace Gauguin avec un rasoir. Cette nuit-là, Vincent, probablement en proie à une crise de démence, se mutile l’oreille gauche. Il l’enveloppe pour aller l’offrir à sa maîtresse Rachel, une prostituée. Il est hospitalisé dès le lendemain.
Aux portes de la folie
Après un bref retour chez lui dans la Maison jaune, Van Gogh entre de plein gré dans un asile près de Saint-Rémy-de-Provence en mai 1889. Il continue à peindre, fait quelques copies de tableaux de Millet et de Delacroix mais aussi des œuvres qui lui sont propres comme les Blés jaunes. Le peintre est victime de violentes crises qui fragilisent sa mémoire.
Van Gogh décide de retourner en région parisienne, non loin de chez son frère, à Auvers-sur-Oise. Il est suivi par le docteur Gachet, un ami des impressionnistes. Ce dernier s’occupe de lui et apprécie son art. Van Gogh en fera d’ailleurs son portrait. Il créera plus de 80 peintures en deux mois !
Le 27 juillet 1890, le peintre met fin à ses jours. Il se tire une balle dans la poitrine et succombe deux jours plus tard, alors âgé de 37 ans. Il est enterré au cimetière d’Auvers en présence de son frère Théo, du docteur Gachet et du peintre Bernard.
Malgré de graves troubles intérieures, Van Gogh ne s’est quasiment jamais arrêté de peindre. En huit ans, il a réalisé près de 900 tableaux et un millier de dessins. Son œuvre post-impressionniste sera prise comme source d’inspiration par le fauvisme et l’expressionnisme.

Jules Bastien Lepage-le foin
Jules Bastien-Lepage .  Les foins

bastien lepage      Jules BASTIEN-LEPAGE  1848 -1884
Né à Damvillers ( Meuse Nord ) 1848.
En 1867, après son bac , » monte » à Paris ,intègre l ‘Ecole des Beaux-Arts. Premiers succès au Salon des peintres officiels dans les années 1870. Il s’engage pendant la guerre de 1870, est blessé et retourne chez ses parents dans la MEUSE.

John Singer Sargent.

sargent john stirngerDeux jeunes filles vêtues de blanc


Sargent1887   John Singer SARGENT
Peintreaméricain, né en 1856 à Florence (Italie) et mort en 1925 à Londres.
Il est particulièrement connu pour son habilité dans les portraits, caractérisés par un style sophistiqué, une virtuosité visuelle et une certaine audace théâtrale.
Outre ses portraits, John Singer Sargent nous a laissé des toiles très intéressantes de Venise: des scènes de la ville, des paysages, des vénitiennes.
Il passa son enfance enItalie, en France et en Allemagne.
Après avoir suivi les cours du portraitisteCarolus-Duran à l’école des Beaux Arts de Paris, il passa la plus grande partie de sa carrière à Londres. L’influence de son professeur parisien marque profondément son oeuvre de sorte que ce sont ses portraits qui le rendirent célèbre.
Il fréquenta longtempsMonet à Givernyoù il se rendit plusieurs fois. Les deux hommes se portaient une admiration mutuelle même si Monet refusa longtemps de considérer Sargent comme un véritable impressionniste

 

sorolla photo  Joaquin SOROLLA

Né à Valence le 27 février 1863
Décédé à Cecedilla le 10 août 1923
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Sorolla. La sieste
Maître du naturalisme moderne, à l’image de son contemporain John Sargent, Joaquin Sorolla grandit au sein d’une famille modeste et se montre très tôt attiré par la peinture. Ses modèles sont Velazquez, Ribera et El Greco. Les années passent, et le jeune homme s’inscrit à l’école d’arts appliqués de Valence, puis suit des cours à l’académie des beaux arts de San Carlos. Il ne tarde pas à quitter son Espagne natale pour aller étudier de plus près les grands peintres dans la patrie des arts par excellence : l’Italie. Son retour lui permet de goûter à la notoriété : désormais on expose ses oeuvres parmi lesquelles ‘Pescadora Valencianna’, ‘Antes del Bano’, ‘Nino con una Bola’ ou ‘Conciendo la Vela’. Imprégnées de réalisme, les toiles de Sorolla témoignent d’une époque, de la vie quotidienne des gens. Mais ce qui frappe dans chacune de ses créations, c’est la présence de la lumière. Chaque oeuvre est un hymne au soleil, à la vie, et chaque personnage se trouve caressé ou aveuglé par l’astre brûlant. Lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900, il reçoit le Grand Prix. Son talent le mène jusqu’à New York où, grâce à un mécène, il peut se consacrer pleinement à son art. Il laisse sa trace dans la Big Apple en décorant la Bibliothèque de la Communauté Hispanique. Affaiblit par une attaque cardiaque en 1920, Joaquin Sorolla doit renoncer à peindre et meurt trois ans plus tard.

 

  picasso    PICASSO   1881-1973

 

 

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Picasso.   Sleeping peasants (1919)

‘ » J’ai été « bluffé » par ce tableau !  J’ai essayé de l’analyser pour comprendre et je vous fais part de mon approche (sans garantie !) . Mais ça fonctionne ! »
Qu’en pensez-vous ?  Maurice Gay le 30/01/2008

Symbole du XXème siècle, immense artiste, Pablo Picasso est à la fois peintre, sculpteur, graveur et céramiste. Venu en France au début du siècle, il deviendra le chef de file du mouvement cubiste avec son ami Georges Braque. Doté d’une exceptionnelle soif de créativité, il touche à tous les courants picturaux du XXème siècle, surréalisme, expressionnisme ou néo-classicisme, pour devenir un des maîtres incontestés de l’art moderne.
Artiste dès le plus jeune âge
Né à Málaga (Espagne) en 1881, Pablo Picasso est le fils de Don José Ruiz y Blanco, peintre et professeur de dessin, et de Maria  Picasso y Lopez. Picasso peint son premier tableau à l’huile à l’âge de huit ans. Encouragé par son père, il étudie à la Guarda à la Corogne puis à l’école des Beaux-Arts de Barcelone. Lors de l’Exposition des Beaux-Arts et de l’Industrie de Barcelone, son tableau  la Première Communion est présenté. Bien que non primé, il est salué par un grand journal.
En 1900, Picasso se rend pour la première fois à Paris avec son ami Casagemas. Il découvre les œuvres de Toulouse-Lautrec, Cezanne, Degas et Gauguin. On commence à lui acheter quelques toiles en France et en Espagne. Son tableau Derniers instants (qui plus tard sera recouvert par La Vie) est présenté à l’Exposition Universelle de Paris. L’année suivante, l’artiste décide d’abandonner le nom de son père (Ruiz Blanco) au profit de celui désormais mondialement connu de sa mère : Picasso.
Période Bleue (1901-1903) et Période Rose (1905-1906)
On surnomme l’époque entre 1901 et 1903 période Bleue car cette couleur domine les toiles de l’artiste. Ce bleu est utilisé pour retranscrire la vision que le peintre a du monde, mélange d’angoisse de la vieillesse, de la pauvreté et  de la mort.
Après un retour à Barcelone en 1902, Picasso s’installe définitivement à Paris au Bateaux-Lavoir en 1904. Il tombe amoureux de Fernande Olivier, ce qui égaiera quelque peu ses toiles. Il s’intéresse au monde du cirque, peint des arlequins, des jongleurs et acrobates dans une teinte rose qui évoque une certaine mélancolie. Cette période rose s’achève en 1906, date à laquelle Picasso commence à créer des peintures beaucoup plus géométriques.
La naissance d’un mouvement : le cubisme (1906 – 1914)
Alors qu’il entre dans sa  vingt-cinquième année, Picasso change son style de peinture. Il décompose et reproduit les objets en formes géométriques simples. Cézanne, l’art primitif africain et la sculpture ibérique seraient les sources d’inspiration du peintre au moment de ce tournant vers le cubisme. C’est avec les Demoiselles d’Avignon que ce nouveau style explose en 1907. Cette même année, il fait la connaissance de Georges Braque avec lequel il développera le courant du cubisme. Les deux hommes travailleront étroitement ensemble.
Pour répondre au problème de représenter ce qui existe en trois dimensions sur une surface à deux dimensions, Braque et Picasso apportent une nouvelle réponse. Ils remplacent les codes habituels de couleurs, de volume et de perspective par un système des signes géométriques. Ils y ajouteront, dans une phase ultérieure (le cubisme synthétique), l’utilisation de morceaux de divers matériaux (sable, papier, tôle, bois, tissu, carton…)  pour ne pas tomber dans l’art abstrait. Picasso abandonne le cubisme en 1915.
Retour au classicisme (1916 – 1924)
Sur la demande de Cocteau, Picasso crée les décors et costumes pour les Ballets russes  de Diaghilev. Il  rencontre la ballerine Olga Koklova, qu’il épousera et lui donnera un fils. L’artiste retourne un temps à l’art figuratif et réaliste quelques portraits de famille. A partir des années 1920, les tableaux du peintre tendent vers le surréalisme. Il peint de grandes baigneuses aux corps disloqués.
En 1927, apparaît une nouvelle femme dans les toiles de Picasso. C’est sa maîtresse Thérèse Walter. Il en fera de nombreux portraits et sculptures.
Guernica ou l’horreur de la guerre

En 1937, alors qu’une guerre civile déchire l’Espagne, Picasso est très touché par le bombardement de la ville de Guernica. Il choisit donc de réaliser, pour honorer la commande du gouvernement espagnol pour l’Exposition Universelle de Paris, de représenter la tragédie de cette ville. A travers ce tableau monumental, qui est l’un des plus connus du peintre, Picasso exprime toute sa colère et sa révolte. C’est le premier engagement politique de Picasso. Guernica symbolise de façon universelle l’horreur de la guerre. Dans cette lutte pour la paix, Picasso peindra en 1949 la magnifique Colombe pour la paix.
Malgré le climat austère de l’Occupation, la créativité de Picasso ne faiblit pas. Il écrit une pièce de théâtre « Le Désir attrapé par la queue » en 1941. Il peint des œuvres sombres sur le thème de la déraison humaine comme « le Charnier ». En 1944, il devient membre du parti communiste. Cette période s’illumine en 1946 lorsque le peintre s’éprend de Françoise Gilot.
En 1948, l’artiste se penche sur un nouveau moyen artistique, la céramique. En 1954, il rencontre Jacqueline Roque qu’il épousera en 1955 après le décès d’Olga. Il s’attache un temps à la  réinterprétation d’oeuvres de grands maîtres tels que Le Déjeuner sur l’herbe de Manet ou Les Femmes d’Alger de Delacroix. Picasso part s’installer en 1961 à Mougins en compagnie de Jacqueline Roque. Il s’éteint le 8 avril 1973 à l’âge de 91 ans à la suite d’une embolie pulmonaire.
Artiste protéiforme et prolifique (on estime qu’il a réalisé plus de 30 000 œuvres), Picasso a bouleversé l’art moderne.Avec George Braque, il donna naissance au cubisme. Les Demoiselles d’Avignon fut la première œuvre significative de ce mouvement. Peintre, sculpteur, graveur et céramiste, son génie fut reconnu de son vivant et aujourd’hui une dizaine de musées dans le monde lui sont exclusivement consacrés.

«Pourquoi je suis communiste ? C’est bien simple : je possède un milliard et je veux le garder.»
[ Pablo Picasso ] – Journal Officiel – 17 Mai 1957

Sites:

http://www.memetics-story.com/article-1429593-6.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Bastien-Lepage

http://moniquetdany.noosblog.fr/moniquetdany/2007/03/peintres_de_la_.html

http://www.moma.org/collection/browse_results.php?criteria=O%3ADE%3AI%3A3%7CG%3AHO%3AE%3A1&page_number=10&template_id=1&sort_order=1

etc……

 

Oops ! 17 janvier 2008 – Michel GRANGER

Michel Granger l’universel

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Né à Roanne, ville de textile, le 13 octobre 1946, Michel Granger relève avec un sourire qu’il a pour seul diplôme un CAP de régleur de métier à tisser lorsqu’il entre aux Beaux-Arts de Lyon sur concours pour en sortir diplômé en 1968. Père de deux garçons de 16 et 23 ans, il vit et travaille à Paris depuis 1969… quand des voyages réguliers ne le conduisent pas aux Etats-Unis, à New York, au Japon ou en Colombie, pays qu’il affectionne tout particulièrement.

Il se souvient de son “premier travail, à Roanne, où j’ai eu la chance de rentrer dans une fabrique de meubles comme designer. J’ai dessiné des canapés, des sièges durant une petite année avant de partir au service militaire et de me faire réformer”. Puis Michel Granger peint quelques mois et décide donc de “monter” à Paris où il se liera plus tard d’amitié avec le commandant Cousteau et Robert Doisneau. Si la photo n’est pas son métier, elle le fascine.

Il enchaîne les “petits boulots” et, très vite, se fait de nouveau recru­ter par une fabrique de meubles. Il travaille avec des architectes sur des meu­bles de cuisine. Il mène de concert, dès 1972, une carrière de dessinateur de presse, chez Bayard Presse pour commencer.

Peu de temps après, il se rend au journal Pilote et propose des dessins à René Goscinny, qui lui met le pied à l’étrier en acceptant de publier quelques pleines pages en couleurs. Et là tout s’enchaîne dans une espèce de tourbillon d’où la chance n’est pas absente mais qu’avec le recul Michel Granger perçoit seulement aujourd’hui. Les médias se l’arrachent. La télévision d’abord. Christian Bernadac le recrute : de 1975 à 1985, ses œuvres illustrent les informations des trois journaux quotidiens de la 1re chaîne nationale présentés par Yves Mourousi, et Roger Gicquel. Journaux quoti­diens ou hebdomadaires accueillent ses créations, en France (le Matin, Le Progrès, Le Point, L’Express, Paris Match, Le Nouvel Observateur etc.) et à l’étranger (Der Spiegel, New York Times – avec Jerelle Kraus, la direc­trice artistique, toujours fidèle au poste -, L’Espresso, etc.).

En 1977, la galerie Marquet, à Paris, organise une exposition des œuvres de celui qui “fait de la peinture pour traverser la vie”, point de départ d’une formidable carrière internationale qui le conduit à exposer dans le monde entier depuis plus de trente ans, en France, bien sûr, aux Etats-Unis, au Canada, en Belgique ou au Japon. Ses sources principales d’inspiration ? La Terre. La Terre menacée, la Terre qu’il faut défendre et préserver, la Terre source d’espoir.

Autre temps fort de sa carrière, sa rencontre avec Jean-Michel Jarre, pour qui il crée les pochettes de ses succès planétaires : Oxygène (1976), Basket (1977), Equinoxe (1978), Rendez-vous (1986), Chronologie (1993) et Oxygène 7-13 (1996).

De nombreux organismes caritatifs (comme l’UNICEF, l’UNESCO) et d’ONG (Reporters sans frontières, Amnesty International, etc.) font appel à son talent.
Michel Granger, artiste “polymorphe” au faux air de Pierrot lunaire derrière ses lunettes ovales, est l’auteur de nombreuses affiches, de sculp­tures, de cartes postales, de livres, de couvertures de livres, de pochettes de disques et de CD, de logos – comme celui de la mission “PHV” du vol dans l’espace franco-soviétique Cnes-Intercosmos Soyouz/Saliout 7, avec Jean-Loup Chrétien, premier Français dans l’espace en 1982 – et de timbres-poste !…

Le timbre-poste, petit média, messager de quelques centimètres carrés, mais bénéficiant d’une diffusion extraordinaire, s’affranchissant de toute censure, de toute frontière, tiré à des millions d’exemplaires. Un symbole fort de l’universalité de l’art de Michel Granger, dont les timbres les plus récents sont parus en 2004 : sur la sécurité routière, en avril, en France et aux Nations Unies et, en septembre, aux Nations Unies seulement cette fois, sur le thème de l’enfance et où l’artiste oppose le savoir et l’éducation aux armes, à travers une vignette intitulée “Books not guns” (“Des livres pas des fusils”).

Aujourd’hui, Michel Granger se lance dans une nouvelle thématique qu’il portait en lui depuis une dizaine d’années – dans ce qu’il nomme “les écorchures” – dont témoigne pour une part cet ouvrage. Ces “écorchures”, sur le thème de la ville, qui renvoie surtout à New York, illustrent une espèce de contradiction à laquelle Michel Granger reste attaché. Ce dernier explique : “Je fais une toile très précise, à partir de laquelle je recrée une autre peinture, très pensée mais qui reste aléatoire. Cela ne marche pas à tous les coups ! Ce n’est pas un système de travail, une recette.”
L’art de Michel Granger évolue vers une œuvre “plus picturale”. Il n’y a rien de gratuit dans sa démarche : “Les écorchures sont un vrai travail de matière, explique-t-il. Je ne fais une image que s’il y a du contenu. La finalité de la peinture justifie les moyens mis en œuvre”.

Une petite explication technique est nécessaire : Michel Granger ne déroge pas à ses habitudes. Il peint à l’acrylique, sur un papier très épais (680 grammes), marouflé sur toiles, certaines de grand format. La technique mixte à laquelle il a recourt lui permet ensuite un “arrachage au couteau – très coupant, le couteau -, fragment par fragment, centimètre par centimètre, pour donner cette impression d’éphémère, d’urbain, pour montrer que tout se détruit et se reconstitue”. Par cet “effeuillage”, Michel Granger s’investit dans une peinture tridimensionnelle, à laquelle il associe des photographies – un élément nouveau qui distingue ce dernier livre des pré­cédents -, “des documents”, précise-t-il, qui constituent un outil essentiel dans le processus de création de l’artiste. “Les photographies peuvent aussi répondre à l’œuvre, dans une présentation qui fonctionne par double pages, en diptyques. Elle sont en contrepoint, elles peuvent constituer une clef de lecture, comme le titre de l’œuvre…”.

Pierre Julien,
journaliste au Monde, septembre 2004.

 

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Une de mes grandes préoccupations, alors que j’étais Secrétaire général de l’ONU, c’était de mieux faire connaître cette Organisation Internationale au grand public.

Très vite, je me suis aperçu, avec mes spécialistes de la Communication du Département de l’Information Publique, qu’un bon dessin valait souvent de grands discours.
Nous y avons alors développé une nouvelle politique d’affiches, de publications et de brochures qui sont venues s’ajouter au rôle essentiel de la radio et de l’image, deux domaines qui, depuis longtemps, ont fait beaucoup pour notre vision mondiale.

En feuilletant les archives des images conçues par bon nombre d’artistes qui ont travaillé pour l’ONU et pour ses Agences spécialisées comme l’UNICEF, le PNUD, l’OMS et bien d’autres, j’ai retrouvé des chefs-d’oeuvre qui ont à jamais marqué l’esprit du public. Certaines de ces réalisations étaient signées par Michel Granger : par exemple, Lutte pour l’Indépendance de la Namibie, Désarmement, Lutte contre l’Apartheid et le SIDA, affiche pour la Palestine.

Du plus grand format de posters, visibles dans les réunions internationales, aux minuscules timbres-poste du service postal de l’ONU ! J’y ai retrouvé la griffe universelle d’un des artistes les plus étonnants qui ont bien voulu donner de leur temps, de leur talent et de leur imagination au service des hommes, de tous les hommes, comme l’exigeait notre ligne de conduite. Je me suis pris à poster mes lettres avec les timbres des séries “Bannir l’arme chimique, La Sécurité Routière, Des livres, pas des armes”, et je suis ravi de voir que les images de ces timbres figurent dans ce livre.

Dans ce livre, j’ai aussi trouvé beaucoup de peintures qui reflètent ce caractère global perceptible par bien des peuples, bien des sociétés et bien des civilisations. La peinture est un art qui touche directement le coeur des gens, et qui, maniée par les doigts experts de Michel Granger, rapproche toutes les couches du public sans avoir besoin de mots superflus tant son caractère est universel.

En vous souhaitant une bonne lecture de cet ouvrage passionnant, permettez-moi, au nom de toutes nos organisations internationales, en commençant par l’ONU et l’Union Africaine, d’exprimer ma reconnaissance à Michel Granger. Il a su trouver non seulement le mot juste, mais surtout le ton juste, la sensibilité juste et ce grain d’universalité dont nous avons tous bénéficié, et avec nous, toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté.

Son excellence Monsieur Boutros Boutros-Ghali
Ancien Secrétaire général des Nations Unies
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GRANGER-Abri (écorchure)

Abri (écorchure)

 

GRANGER-presse
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Michel Granger est un délinquant
.
Cela se voit au premier coup d’oeil avec sa coiffure d’évadé de maison de correction, il fait partie de ces individus spécialement étudiés pour agacer mes gens sérieux.

Voilà un garçon qui se fait un malin plaisir de détourner mes objets de leurs attributions fonctionnelles.

Cela peut paraître un divertissement innocent, mais je vous le demande, dans quelle entreprise pourrait-on tolérer la présence d’un magasinier uniquement inspiré par le pouvoir évocateur des formes ? Pour qui le tube de comprimés viendrait libérer une constellation et qui ne verrait dans une carte géographique que la ramification d’un système veineux.

C’est alors une invitation au jeu, au rêve, donc au temps perdu. Semeur de désordre. Granger Michel, je le répète, est un délinquant, encore mineur mais engagé dans la voie dangereuse qui mène à bousculer l’ordre établi.

Robert Doisneau,
photographe, juin 1993.
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GRANGER-Vous êtes bien curieux-

Vous êtes bien curieux

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Granger est un manipulateur, archéologue des médias. Il fouille dans notre époque pour en retirer des images miroir, des images dérisoires, des images œuvre d’art. Entre le vide de certains mots et le toc de certaines photos, Granger se tient debout pour chroniquer notre vie, avec inspiration, tendresse et humour.
Jean Michel Jarre,
Musicien.

GRANGER-fontaine Roanne-L
Fontaine Hôtel de ville Roanne- Sculpture bronze

GRANGER-terre

Son dernier ouvrage « TERRE » 2007

Merci à Michel Granger de son accord pour les emprunts faits à son site

www.granger-michel.com/

Oops ! 27 décembre 2007 – Suzanne VALADON

Suzanne VALADON  (Marie-Clémentine, 1865-1938).

Le 23 septembre 1865  naît Marie-Clémentine Valadon à Bessines sur Gartempe. Sa mère Madeleine est lingère, son père est un  » inconnu demeurant au bourg « .
Plus tard, elle falsifiera sa carte d’identité et y portera la date du 23 juillet 1867.
Vers 1870, Madeleine et sa fille s’installent à Paris : la mère travaille comme femme de ménage et la fille, plutôt indisciplinée et préférant dessiner sur les trottoirs, fréquentera plusieurs écoles.
De 1875 à 1880, Marie-Clémentine exerce des petits boulots. Elle s’est passionnée pour le cirque et a effectué ses débuts sur la piste. Mais elle a du abandonner le trapèze à la suite d’une chute.
Dans les années 1880-1885, elle pose sous le nom de Maria pour Puvis de Chavannes, Renoir (lui-même né à Limoges en 1841), Toulouse-Lautrec…
Le 26 décembre 1883, c’est la naissance de son fils Maurice, né de père inconnu mais reconnu en 1891 par le journaliste espagnol Miguel Utrillo y Molins. De cette année datent ses premières oeuvres connues : un autoportrait et le portrait de sa mère. Suzanne a tout appris elle-même, les grands maîtres ont rapidement reconnu son talent, ils ont apprécié sa beauté, sa liberté et son caractère entier.
Entre 1883 et 1893, elle exécute des dessins (fusain, sanguine, mine de plomb) où l’on sent l’influence de Degas qui l’initia à la gravure et qui sera l’un de ses premiers acheteurs.

SValadon et MUtrillo-OOPSSuzanne Valadon et son fils Maurice Utrillo

En 1894, cinq de ses dessins seront exposés au Salon de la Nationale.
Elle épouse Paul Moussis, un bourgeois aisé en 1896. La situation financière de son mari lui permet de se consacrer entièrement à son art sous le nom de Suzanne Valadon.
Son fils Maurice Utrillo s’adonne à l’alcool et doit quitter le domicile familial.
En 1909, à 40 ans, elle rencontre André Utter, ami de son fils et s’installe avec lui après avoir divorcé de Paul Moussis. Utter exerce sur elle une influence stimulante et à partir de 1910, elle fera de nombreuses expositions dont une particulière chez Berthe Weill en 1915.

En 1914, mariage avec Utter avant que celui-ci rejoigne son régiment. Utrillo réformé retourne chez sa mère. Utter revenu de la guerre, Suzanne Valadon encouragée par celui-ci peint de nombreuses oeuvres. Utrillo connaît sa première grande exposition chez Lepoutre.

1920 fut une année féconde pour Suzanne Valadon et en 1921, le public et la presse lui porte une attention croissante. L’année suivante, parution de sa première monographie.

En 1923, Valadon, Utrillo et Utter s’installent au château de Saint-Bernard dans le Beaujolais qu’ils ont acheté.

Le succès de Valadon n’atteint pas celui de son fils, mais croît néanmoins. Ils feront des expositions de groupe en Hollande et à New-York. Le succès de Valadon devient international avec la parution d’une seconde monographie.
En 1933, son activité semble se ralentir. Utrillo est au faîte de sa gloire.
Elle prend une certaine distance avec Utter. En 1935, elle est atteinte de diabète et d’urémie, est hospitalisée et  » engage  » Lucie Valore à épouser son fils Utrillo.

En 1936-1937, l’Etat lui achète plusieurs oeuvres importantes.

Victime d’une congestion cérébrale, elle sombre dans le coma et meurt à l’âge de 73 ans, le 7 avril 1938 à 11 heures du matin.
En 1948, mort de André Utter.

Utrillo mourra en cure annuelle à Dax, le 5 novembre 1955, à l’âge de 72 ans : 50.000 personnes suivirent le cortège funèbre jusqu’au cimetière de Saint-Vincent à Montmartre.

VALADON-L'église de Belgodière
L’église de Belgodière

   VALADON-La chambre bleue
La chambre bleue

VALADON-Nu au canapé rouge
Nu au canapé rouge

VALADON-La poupée abandonnée
La poupée abandonnée

VALADON-Le lancement du filet
Le lancement du filet

Valadon- Toulouse-Lautrec

Suzanne Valadon par Henri de Toulouse Lautrec.

Photos visibles sur le site:  http://users.skynet.be/fa826656/pat/rev/valadon.htm

Oops ! 16 janvier 2008 – Gustave CAILLEBOTTE

Gustave CAILLEBOTTE

Peintre, mécène, collectionneur

cailebotte selfportrait_palette

Autoportrait à la palette

Gustave Caillebotte, dont les oeuvres personnelles furent, jusqu’à peu, oubliées, fut à la fois un peintre reconnu et un mécène généreux du mouvement impressionniste.

Il naquit en 1848 dans une famille très aisée qui batit sa fortune dans les textiles puis dans les biens immobiliers à l’occasion du redéveloppement du Paris du Baron Haussmann.
Ingénieur de profession, mais aussi ancien élève de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris où il fut l’élève de Léon Bonnat, il rencontra Edgar Degas, Claude Monet, et Pierre Auguste Renoir dès 1874 et les aida à organiser la 1ère exposition des Impressionnistes à Paris cette même année.

En 1873, il hérite de la grande fortune de son père et sera financièrement indépendant pour le restant de ses jours.En 1875, souhaitant faire ses débuts publics comme peintre, il soumit une oeuvre au Salon Officiel qui fut refusée, ce qui l’incita à exposer, soutenu par Renoir, dans le cadre -plus favorable- de la deuxième exposition du groupe impressionniste, en 1876. Ses oeuvres et en particulier les « Raboteurs de parquet » y furent remarquées et appréciées. Il participera dès lors aux expositions ultérieures des Impressionnistes.

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Les raboteurs de parquet.

Riche et généreux, Caillebotte aidera financièrement tout au long de sa vie ses amis impressionnistes en leur achetant leurs oeuvres à des prix élevés et en supportant les frais de leurs expositions.

Il sera co-organisateur et co-financier des 3ième, 4ième, 5ième et 7ième expositions impressionnistes, auxquelles il participera.
En 1881, il achète une maison avec jardin au Petit-Gennevilliers où il réalisera nombre de ses oeuvres. Horticulteur émérite, il correspond avec Monet à Giverny et crée des orchidées dans ses serres.
Personnage aux facettes multiples, Caillebotte est également un régatier qui se passionne pour la vitesse et cherche à perfectionner ses bateaux.
Architecte naval, il les dessine et les construit lui-même dans un atelier situé à l’emplacement actuel de la SNECMA. Il y créera de véritables pur-sangs du fleuve, aux multiples innovations (voile en soie, lest extérieur, coques aérodynamiques, etc.) avec lesquels il remporte de nombreux titres internationaux.
Caillebotte peignit quelque 500 oeuvres dans un style souvent plus réaliste que celui de ses amis impressionnistes. Le peintre s’illustrera particulièrement dans des vues des rues de Paris faites depuis des balcons élevés, dans des scènes de la vie ouvrière, dans des paysages naturels de jardins et parcs, et dans des scènes nautiques (sur la Seine à Argenteuil et sur l’Yerres).

CAILLEBOTTE-argenteuil_basin
Le bassin à Argenteuil

Son souci du détail, ses notes colorées, et son rendu de la lumière font bien de lui un grand peintre impressionniste à l’oeuvre originale et diverse.

Gustave CAILLEBOTTE-Le pont de l'Europe

Le Pont de l’Europe

LE LEGS FAIT A L’ETAT

Caillebotte fera don, dans son testament rédigé en 1876, de sa collection en ces termes :

« Je donne à l’Etat les tableaux que je possède ; seulement, comme je veux que ce don soit accepté et le soit de telle façon que les tableaux n’aillent ni dans un grenier ni dans un musée de province, mais bien au Luxembourg et plus tard au Louvre, il est nécessaire que s’écoule un certain temps avant l’exécution de cette clause jusqu’à ce que le public, je ne dis pas comprenne, mais admette cette peinture. Ce temps peut-être de vingt ans au plus. En attendant mon frère Martial, et à son défaut un autre de mes héritiers, les conservera. Je prie Renoir d’être mon exécuteur testamentaire … ».

Caillebotte devait décéder en 1894 d’une attaque d’apoplexie.

Les académistes, conduits par Gérôme, essaient alors d’empêcher l’entrée dans le patrimoine artistique de la France d’oeuvres impressionnistes qui furent constamment refusées au Salon Officiel – en particulier les oeuvres de Cézanne qui faisaient partie de la collection -, et l’Institut de France refuse dans un premier temps le legs Caillebotte aux Musées Nationaux français.

En 1896, l’Etat autorisera les Musées Nationaux à sélectionner dans l’embarassant legs Caillebotte les toiles dignes de figurer au musée du Luxembourg.Ceux-ci refusèrent parmi ces « dérives d’un art malsain » vingt sept tableaux sur les 67 de la collection et accepteront : sept pastels de Degas, huit Monet, six Renoir, sept Pissarro, cinq Sisley, deux Cézanne et deux Caillebotte – joints au legs par Martial Caillebotte après la mort de son frère – qui seront présentés dans une annexe du musée du Luxembourg en 1897.L’exposition suscitera de violents remous et provoquera un scandale politique à l’instigation de Gérôme et dix-sept de ses collègues, membres de l’Institut.

Le Sénat sera ainsi saisi de l’affaire.C’est ce don, que Renoir sut imposer à l’État après la mort de Caillebotte, qui permet aujourd’hui à la France de disposer dans son patrimoine d’œuvres majeures de Monet, Degas, Sisley, Renoir…Les oeuvres refusées furent pour la plupart rachetées par un certain Docteur Barnes dont la collection d’Impressionnistes est maintenant enviée par nos musées nationaux (Exposition de la Fondation Barnes au Musée d’Orsay en 1993-94) !

La collection ne sera intégrée au Louvre qu’en 1928, et se trouve aujourd’hui au Musée d’Orsay.

CAILLEBOTE et LA CRITIQUE de ZOLA

Zola, qui prendra le parti des Impressionnistes vilipendés par la critique et refusés par le jury du Salon, sera critique à l’égard de Caillebotte dont il dénoncera le réalisme photographique lors de la deuxième exposition impressionniste. Le peintre présentera les huit toiles suivantes : Raboteurs de parquet, Jeune Homme jouant au piano, Jeune Homme à sa fenêtre, Déjeuner, Après Déjeuner et deux Jardins.

Zola commentera ainsi le talent de Caillebotte dans ses Lettres de Paris de juin 1876 :

« Caillebotte a exposé Les Raboteurs de parquet et Un jeune homme à sa fenêtre, d’un relief étonnant. Seulement c’est une peinture tout à fait anti-artistique, une peinture claire comme le verre, bourgeoise, à force d’exactitude. La photographie de la réalité, lorsqu’elle n’est pas rehaussée par l’empreinte originale du talent artistique, est une chose pitoyable ».

Lors de la troisième exposition impressionniste de 1877, Caillebotte présentera les six toiles suivantes : Rue de Paris, temps de pluie , Le Pont de l’Europe , Portraits à la campagne, Portrait de Madame C ; Portrait et Peintres en bâtiments.
Zola émettra alors un avis nettement plus favorable dans ses Notes Parisiennes – Une Exposition : Les Peintres impressionnistes 1877 – :

« Enfin, je nommerai M. Caillebotte, un jeune peintre du plus beau courage et qui ne recule pas devant les sujets modernes grandeur nature. Sa Rue de Paris par un temps de pluie montre des passants, surtout un monsieur et une dame au premier plan qui sont d’une belle vérité. Lorsque son talent se sera un peu assoupli encore, M. Caillebotte sera certainement un des plus hardis du groupe ».

Zola passera sous silence la présence de Caillebotte à la quatrième exposition impressionniste. Il reprendra sa plume en 1880 (Le naturalisme au Salon), année au cours de laquelle le peintre exposera son Autoportrait, Dans Un Café et Vue prise à travers un balcon.

« M. Caillebotte est un artiste très consciencieux, dont la facture est un peu sèche, mais qui a le courage des grands efforts et qui cherche avec la résolution la plus virile ».

Site :          www.impressionniste.net/caillebotte.htm